Sean Murphy est une figure
montante du comics indépendant. En écrivant ça, je vous ai tout et rien
dit. Sean Murphy est une figure montante du comics américain
indépendant, celui qui existe dans le sillage et grace aux
réseaux de distributions des deux majors du genre, Marvel et DC.
N'imaginez donc pas une bande dessinée influencée par l'approche
artistique européenne du média, mais une bd qui flirte parfois avec
celles des deux géants américains. Pour caricaturer, on pourrait
dire que ce comics indépendant est à la fois la récréation exutoire
pour les auteurs qui ont besoin de souffler entre deux histoires de
super-héros, et un vivier de jeunes talents encore un peu trop bruts
pour aller s'exercer à du pur divertissement grand
public .
Ce genre de comics est donc plus mature, complexe et stimulant que celui qui est adapté à tour de bras au cinéma, mais pas tellement subversif par essence, puisqu'il reste sous le contrôle d'une entreprise extrêmement codifiée. Il n'empêche que, si le format n'est pas propre à la subversion, les thèmes peuvent l'être.
Ce genre de comics est donc plus mature, complexe et stimulant que celui qui est adapté à tour de bras au cinéma, mais pas tellement subversif par essence, puisqu'il reste sous le contrôle d'une entreprise extrêmement codifiée. Il n'empêche que, si le format n'est pas propre à la subversion, les thèmes peuvent l'être.
C'est le cas de Punk Rock
Jesus, qui ne risque pas d'être adapté en série sur netflix de si tôt.
Ophis, une multinationale du divertissement, décide de mettre en place
une télé-réalité sur la résurrection de Jésus, en
inséminant une candidate volontaire, forcément une gamine un peu cruche
de la campagne, avec un enfant cloné à partir de cellules du
saint-suaire. Pour toute compagnie, le gosse n'a le droit qu'aux
éxecutifs du studio, au casting technique, au médecin qui
l'a cloné, une activiste écolo qui a profité de l'opération pour
financer ses recherches sur le réchauffement climatique, et à son garde
du corps, un ancien membre de l'IRA en quête de rédemption. Son
quotidien est divisé entre des séances complètement cadrées
par la production, et le chaos introduit par les chrétiens extrémistes
qui veulent mettre fin à son émission. Jusqu'au jour où Chris, le clone
du christ, se tourne vers le punk.
Avec tous ces éléments, on se
doute de qui en prend pour son grade : les professionnels du
divertissement et leur cynisme mercantile, les fervents croyants jusqu'à
l'obsession, la religion en général...Bref, ceux qui
sont certainement les plus influents dans le milieu médiatique
américain. Du coup, on ne peut pas dire que Punk Rock Jesus est dénué de
toute subversion. Il parait même que Murphy, ancien catholique devenu
athée, s'est fâché avec ses parents à cause de cette
bd. Ce parcours spirituel se retrouve dans celui de Chris et infuse
complètement le sens de l'oeuvre; en ceci, il s'agit indu
bitablement
d'un travail d'auteur. Et ce Jesus n'a pas de punk que le nom,
l'esthétique graphique rappelle notamment la bande dessinée
underground des années 80, avec un noir et blanc très détaillé, qui met
vraiment en valeur les magnifiques dessins.
Graphiquement, donc, Punk
Rock Jesus est superbe. Et son message, viscéral, comporte un grand
nombre de critiques et d'idées intéressantes. Vous vous doutez qu'il y a
un "mais", et ce n'est pas malheureusement le fait
que son titre rappellera une chanson de Depeche Mode, même si c'est un
défaut en soi. Non, la plus grosse faiblesse de cette bd vient de son
scénario qui, malgré des éléments intéressants, n'est pas toujours à la
hauteur de son sujet. Certaines facilités plombent
un peu l'histoire, et on n'est pas toujours tenu en haleine par ce qui
nous est présenté. À titre personnel, j'ajouterai à cela la présence
régulière de scènes d'action qui m'ont sorti de l'intrigue, mais cela ne
serait pas très juste; celles-ci participent
au rythme effrené de la narration, qui rend hommage au style musical
auquel il fait référence, et est donc tout à fait cohérentes avec
l'oeuvre.
En bref, Punk Rock Jesus est
trop court et encore un peu fragile en terme de scénario pour être un
véritable chef d'oeuvre (en même temps, sa longueur aussi peut être
analogue à celle des chansons punks), mais je recommanderai
quand même sa lecture aux curieux, ne serait-ce que pour le plaisir des
yeux. Quitte à avoir cette putain de chanson de Depeche Mode dans la
tête…
Blackcondorguy
Blackcondorguy
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