(Ici
certains des membres les plus éminents d’XSilence
attendant l’ouverture de la terrasse couverte…. Des débats-combats de 1000
jours et 1000 nuits vont-ils avoir lieu entre ceux qui croient au Synthé et
ceux qui l'exècrent ?)
(images à
suivre tirées du site : saintseiya.wikia.com)
Même
si elles vont forcément évoquer quelques combats et moments clés de ce fabuleux
Manga / Anime qu’est Saint Seiya, les impressions qui
vont suivre vont avant tout se concentrer sur les musiques de la série animée
de 1986, en s’étendant quelque peu sur les films et OAV issus de la même
période.
Aussi,
les morceaux abordés seront signalés par une traduction anglaise, le japonais
troisième langue de votre serviteur étant exécrable, et prennent pour base et
références les Saint Seiya Original Soundtrack I- VIII.
LA MUSIQUE DANS SAINT SEIYA…
Apprécier
la musique dans Saint Seiya, ce n’est pas forcément être fan de lyre ou de
flûte. D’ailleurs l’une des grandes forces de la série animée dans son
orchestration est son mélange des genres, entre tradition et modernité, entre
expressionisme oriental et influences occidentales. On trouvera donc largement de quoi se nourrir avec de la pure
J-Pop, du piano Jazz pour parer des morceaux dynamiques et rythmés avec des
basses Funky, des cuivres ronflants et grandiloquents, des pièces symphoniques,
du vieux Hard 80’s et des guitares torturées, des chants cosmiques et
mystiques, des voix de sirènes et bien d’autres formes musicales encore au
service du frisson émotionnel et de l’épique.
Cette
richesse, nous la devons avant tout au compositeur Seiji Yokoyama (1935-2017)
et au Andromeda Harmonic Orchestra (génériques de début et de fin selon les
arcs narratifs exceptés, confiés à des groupes de Rock Japonais). Sans rentrer
dans une biographie complète, on peut toutefois noter que Yokoyama avait
participé à la bande originale d’Harlock (soit Albator par chez nous)
avant de travailler sur Saint Seiya, et qu’il fut
récompensé, pour cette dernière oeuvre, d’ un prix JASRAC dans son pays (soit
la reconnaissance professionnelle ultime, équivalent à la SACEM en France).
Pour
être donc à la hauteur et épouser les mouvements du dessin et du character design de Shingo
Araki et Michi Himeno, pour donner davantage corps à l’histoire de Masami
Kurumada et enfin sublimer les diverses émotions des protagonistes, il fallait
par conséquent une musique à faire péter des colonnes grecques, du son à
frissons, des thèmes à faire couler des larmes alors que nos héros versent leur
sang… Ce que Yokoyama et son orchestre ont pleinement réussi. Mais loin de se contenter
d’une formule musicale « BiggerThan Life », ils auront réussi à la
faire évoluer, à l’adapter selon les moments, enjeux et lieux des combats. La
palette de sons et l’instrumentation
s’élargira au fur et à mesure des arcs narratifs pour atteindre un
équilibre et un sommet artistique sur la période Asgard, avant de retomber quelque peu sur la partie Poseïdon.
Si en
premier lieu viennent à l’esprit des cuivres pétaradants et dantesques,
agrémentés de symphonies lorsque l’on pense à Saint Seiya, la variété est de
mise dès le départ : le générique « Pegasus Fantasy » du groupe Make-Up donne dans le Hard 80,
l’excitation et l’intensité, avec un riff démentiel et exagéré comme il se
doit : Bernard Minet peut aller enlever son armure en plastique. L’air
principal sera retravaillé d’ailleurs par Yokoyama en version instrumentale
douce (« Saint Of Hope ») pour
des moments plus intimistes, surtout pendant le chapitre du Sanctuaire (avec claviers astraux,
trompettes mélancoliques et violons chargés de pathos, idéaux pour se poser des
questions sur son destin en regardant les étoiles ou en ayant un énième
flashback sur une enfance difficile…).
Une
fois que Seiya retourne à Tokyo pour participer au tournoi sous la contrainte,
d’autres musiques apparaissent, plus typiques de leur époque : Pop
Japonaise avec éléments de Disco, de Rock et de Funk (le morceau
« Galaxian Wars » qui sert de musique pour les résumés d’épisodes
précédents, la seconde partie de la pièce « Burn Cosmos » utilisé
notamment lors de l’apparition des chevaliers noirs avec des solos torturés à
n’en plus finir, le titre intitulé « Revenger Phoenix », qui est
plutôt utilisé lors du combat entre Seiya et Shiryu avec une rythmique
particulièrement dynamique et des guitares aux Riffs gras et démoniaques…)
Il
n’est pas anodin que ces titres plus « modernes » (pour leur époque,
bien entendu) soient davantage utilisés lors de la période Tournoi / Chevaliers
Noirs (les puristes diront GalaxianWars / Black Saints) : on nous présente
de jeunes personnages, des adolescents auxquels les spectateurs peuvent
s’identifier, il faut donc les charmer avec de la musique actuelle. De plus,
l’environnement urbain que l’on ne retrouvera presque plus par la suite colle
parfaitement avec cette contemporanéité des thèmes utilisés : l’un des
exemples les plus probants est le moment où Hyoga puis les autres commencent à
courser les Phénix Noirs en plein Tokyo après le vol de l’armure d’Or : la
rythmique est à la fois ultra légère et dynamique, fine comme du Jazz et efficace
comme de la Pop, avec un piano qui se balade entre les deux avec une agilité
folle (« Black Saints Challenge »), tandis que les ennemis se font
atomiser sur des gratte-ciels, dans des ports ou en plein trafic d’heure de
pointe… On recroisera cette énergie classe qui en met plein la gueule sur la
deuxième partie du titre « Hoo Yoku Ten Shoo » marquant par exemple
le premier « retour » d’Ikki du côté de ses compagnons, en sauvant
Shun du Chevalier des Flammes (un des nombreux « fillers » de
l’Anime), avec cordes et synthés infernaux, et guitares abrasives.
Par
la suite, les thèmes « classiques », c’est-à-dire mêlant Rock et
ensemble symphonique vont se tailler la part du lion : « Enter !
Steps Of Evil » (plutôt utilisé lorsque les adversaires mettent les héros
minables) ou « Launch Ryu Sei Ken » (mettant en valeur les Chevaliers
de Bronze après un regain d’espoir et d’énergie) caractériseront cet esprit
d’action et de rebondissement dans les combats contre les Silver Saints
(Chevaliers d’Argent).
Mais
c’est véritablement lors de la bataille des 12 maisons que les thèmes les plus
identifiables et populaires vont se graver durablement dans la tête des
spectateurs. Toutes les musiques composées jusqu’ici et présentes sur les
volumes 1 à 3 des OST vont alors prendre tout leur sens et incarnation, tandis
que le doute de nos héros va se muer en conviction : leur mission devient
une évidence, la fraternité et amitié les unissant devenant plus solide que
jamais auparavant. 12 travaux d’Hercule
à accomplir en deux fois moins de temps dont dispose Jack Bauer habituellement,
il faut donc de la tension et du suspense, sans pause pipi, clope ou goûter.
Quel
fan peut donc oublier le thème de « Glide Pegasus » sur cette
période ? Si la première partie est censée représenter l’espoir de
victoire pour Seiya ou ses compagnons durant un bouleversement de
situation, nos champions du bien retournant celle-ci à leur avantage sur des
cuivres vrombissants et des sections rythmiques tonitruantes, la troisième est
systématiquement mise en valeur lors des derniers retranchements et points
de non-retour (pêle-mêle : Ikki
inconscient immobilisant Shaka et prêt à tout exploser dans la maison de
la Vierge, Seiya et Shiryu pensant avoir perdu tous leurs compagnons qui
décident de faire attaque commune contre Milo du Scorpion en mode
« déter », Hyoga se libérant du deuxième cercueil de glace de la
journée en prévenant Camus que ça ne va pas se passer comme prévu, Saga se
débarrassant d’Ikki pour aller courser Seiya avant que celui-ci n’atteigne le
bouclier d’Athéna…) : violons dingues, rythme effréné, basse de compte à
rebours surtendue et précise, instruments qui s’emballent au milieu d’un piano
en folie jusqu’au climax final… (ce sera d’ailleurs l’un des seuls thèmes
réutilisés dans la partie Asgard ,
durant le combat entre Shun et Syd de Myzar).Le chapitre du Sanctuaire est bel et bien celui du sens
lyrique et de l’homérique : il y a quelque chose de pourri au royaume
d’Athéna et il va falloir faire le ménage, à l’image de la deuxième partie de
« Fight ! Sanctuary » qui trouve une de ses meilleures
illustrations lorsque Saga, en plein délire schizo devant son miroir, fait le
« body count » de la bataille alors que Seiya se dirige vers la
chambre du Grand Pope après avoir laissé Aphrodite à Shun. Citons encore un
thème à la fois guerrier et émouvant, symbolisant à la fois l’aspect ultra
décisif des affrontements et la tristesse de devoir laisser des compagnons
derrière : « Cosmos Of Friendship » (là encore, lorsqu’Ikki
décide d’en finir avec Shaka en expliquant qu’il s’est
« volontairement » laissé privé de ses sens pour mieux le désintégrer
ou encore lorsque le même Ikki ressurgit face à Saga, prêt à lui régler son
compte, en exprimant ses regrets envers
ses compagnons sacrifiés) : piano minimaliste et descendant, accords de
guitares simples mais déterminés, pulsations décisives et trompettes
guerrières, avant un solo déchirant.
Dans le domaine du déchirement et du
sacrifice, l’arc Sanctuaire joue également à fond sur la carte de l’affect
quand il ne fait pas tout pour faire déborder les larmes : si la mort de
Cassios dans la maison du Lion ou la « disparition » d’Ikki dans
celle de la Vierge constituent des pics d’émotion, c’est bel et bien à partir
du pseudo-suicide de Shiryu face à Shura que l’on va verser des larmes en
quantité supérieure : Ikki étant un peu à part dans le groupe, lorsque
Shiryu s’envole dans les cieux avec le Capricorne, c’est le point d’équilibre
des quatre chevaliers principaux qui disparaît. On sent alors que ce n’est que
le début d’une longue succession d’épisodes tragiques. Et c’est ici, alors que
le Vieux Maître voit son disciple se transformer en étoile filante, que Shunrei
refuse de voir son amour partir et que
Seiya perd son meilleur potos (soit celui qui le raisonnait, qui était un appui solide en toutes
circonstances), que l’on entend cette musique de départ céleste qu’est la
deuxième partie du morceau « Glide ! Pegasus ». Bien que déjà utilisée
auparavant et présente dans les épisodes suivants, elle restera à jamais
associée à l’ « Ultime Dragon ». Tous les instruments (cordes,
piano, trompettes cérémonieuses et surtout guitares électriques) se joignent
pour tirer sur l’ambulance et sur la corde de nos âmes sensibles. Ce qui
donnera le ton pour les combats suivants, c’est-à-dire, Hyoga contre Camus et
Shun contre Aphrodite.
Hyoga
étant le personnage le plus romantique et tourmenté du lot (avec un sévère
complexe oedipien quand même…), il est l’un des Saints avec le plus de thèmes
mélancoliques durant toute la partie Sanctuaire :
que ce soit lors de ses combats, pendant
ses moments en slip sur la banquise ou lors de ses nombreux flashbacks, on est
là pour pleurer : il est alors naturel de lui associer les thèmes comme
« Sad Brothers », « Aria Of The Three » (sinon entendu pour
la mort de Cassios ) ou l’évocateur « Remember Sadness »
sublimant les derniers instants de son combat avec Camus (l’un des plus beaux
épisodes de la série, tout simplement), et utilisé généralement dans d'autres
combats mettant en scène notre Russe blondinet pour associer neige, pureté et
tristesse (il a un même carrément un thème à son nom « Cygnus, Warrior Of
Ice », qui trouve aussi une suite dans les guitares et le chant de déesse
désespéré de « Inside A Dream », aussi utilisé lors du supposé décès
de Shiryu dans la dixième maison). Cette association d'émotions cotonneuses
sera reprise et travaillée à son sommet dans la partie Asgard.
Avant
de nous étaler un peu plus sur cette partie particulière de l'Anime, notons enfin,
car c'est un élément aussi important que l'émotion et l'épique, la forte
présence de morceaux soulignant le suspense. Evidemment, la bataille des 12
maisons constitue le pic de frissons de la saga (ils seront aussi présents dans
Asgard, mais seront davantage d'ordre là encore émotionnel, cet épisode
nordique mettant en avant la psychologie des personnages du camp adverse, riche
en tragédies), mais leur présence fut autant équilibrée et prégnante sur les
épisodes allant du tournoi jusqu'aux retrouvailles de l'armure du
Sagittaire : des combats certes, mais aussi des interrogations (pourquoi
et pour qui combattre?), des machinations (les diverses stratégies du Pope pour
éliminer les Bronze et récupérer l'armure d'Or), des histoires de revanche (Shaina
et sa relation amour-haine avec Seiya). Avant que tout ne finisse pendant un
marathon en escalier de Midi à après Minuit un jour d'été en Grèce, il a fallu
tendre ce fil d'Ariane, attendre de trouver l'issue et les musiques de Yokoyama
ont su mettre en sons cette attente, ces questions, cette escalade progressive
sur le fil du rasoir. Cette tension, cette zone floue entre le bien et le mal
(et cette question restera souvent complexe dans Saint Seiya, qui pour l'époque
dépassait largement les schémas manichéens) s'illustre dès les premiers
épisodes avec le thème « Sanctuary's Shudder » : une note de
clavier répétée avec des percussions serpentines en fond, puis des coups de
batteries ultra rapides et brefs, puis les cuivres qui viennent asseoir cette
ombre maléfique qui ne sera jamais très loin. On entendra ce thème
régulièrement, mais c'est lorsque Hyoga « défie » Seiya et Shiryu
suite à son combat contre Ichi de l'Hydre en se demandant qui sera son prochain
adversaire entre les deux que cet air surgit pour la première fois pour ne plus
quitter nos héros par la suite. Pour
marquer la présence constante du mal, le thème « Pope Ares » définira
les plongées dans les machinations du Grand Pope, tandis que « Dilema
Shadow Approaching » sera souvent en fond lors des doutes ou des défaites
de nos héros, le violon versant dans l'aigu et le triangle insistant sur la
tension.
Nous
en arrivons maintenant à la partie Asgard, méritant une analyse plus
fouillée, à l'image des sons mis en scène sur ces 26 épisodes. C'est un cas un
peu à part, car il n'est pas présent dans le Manga d'origine, et est pourtant
plébiscité par les fans Européens (le succès fut moindre au Japon). Masami
Kurumada ne pouvant pas publier aussi vite que la diffusion du dessin animé, la
Toei Animation a donc du créer de toutes pièces un arc pour lui permettre
d'écrire et de dessiner Poseidon. Enfin, de toutes pièces, pas
exactement...
Suite
au deuxième OAV sorti durant la période Sanctuaire, les auteurs de la
Toei ont décidé d'exploiter l'idée et le filon nordique jusqu'au bout. L'OAV,
racontait à la base comment Seiya, Shiryu et Shun, partis à la recherche de
Hyoga mystérieusement disparu, allaient tomber dans le piège des Guerriers
Divins, afin que le Royaume du Grand Nord soit celui qui domine les autres sur
Terre. Présentant peu d'intérêt, si ce n'est le combat entre Shiryu et Hyoga,
car expéditif en termes de combats et d'histoire, l'animation et la
musique y sont par contre superbes. Et
c'est sans doute sur cet OAV et la
partie Asgard en Anime que l'art de Yokoyama va atteindre ses sommets.
La
musique sera donc plus fouillée, à l'image des paysages dans lesquels les
combats se dérouleront (montagnes, glaciers, grottes cachant des souches
volcaniques, ruines, forêts, palais en intérieur et extérieur...- il fallait
changer des affrontements plan-plan du Sanctuaire à ce niveau là et montrer
autre chose que le démontage en règle de colonnes grecques...).
L'instrumentation se fera plus luxuriante, et collera à l'esprit
« Scandinave » : accordéon, harmonica, clarinette, chants
guerriers aux voix masculines... Yokoyama et sa bande feront également l'effort
de varier les ambiances, pour dégager des expressions jusqu'ici peu présentes.
Au
niveau du générique, un changement s'opère également, l'ouverture sera
désormais « Soldier Dream » interprété par le groupe Broadway.
Balançant davantage dans l'espoir que dans le poutrage « dans ta
gueule », le thème est plutôt dans l'exaltation de l'amour et de l'amitié
au service du bien. Même s'il est fidèle à l'esprit de la série, les fans
favoriseront en général « Pegasus Fantasy » car plus incarnant et
électrique (peu de guitare mise en avant dans cette deuxième ouverture, au
profit de claviers), et surtout rythmé. Mais c'est bien le seul bémol (tout relatif)
à attribuer à cette ère musicale dans Saint Seiya.
Une
étendue glacée balayée par des vents mortels, un peuple qui se meurt de fin, un
accordéon lancinant qui souligne la tristesse et le renoncement : ainsi
débute Asgard avec la partie finale du morceau « Polaris
Hilda ». La princesse du Grand Nord envoie ses supplications à Odin, mais
c'est Poseïdon qui va l'emporter et la manipuler tel un Gollum avec l'anneau
des Nibelungen. Un nouveau mal va prendre forme. Les armures divines avec leurs
guerriers au passé aussi (voire même plus) douloureux que nos Saints vont être
présentés. Ici pas de musique démoniaque, pas de violons lâchés à fond les
ballons, mais une musique plus insidieuse, sournoise, enveloppant d'obscurité
ces étoiles au destin tragique (deuxième mouvement de « The Tears Of The
Sad Heroes »). Ces traîtres flûtes réapparaîtront dans « Nibelungen
Ring », marquant la première apparition de Syd De Myzar dans le jardin de
Saori, alors qu'il explique le défi qu'Hilda veut lancer aux Chevaliers
d'Athéna. Il en profitera pour donner une leçon aux Bronzes secondaires, ainsi
qu'à Shun et Seiya, profitant de ce moment pour tester leurs nouvelles armures.
Ces combats de l'épisode 74 représenteront un summum de beauté dans
l'expression et l'animation (couleurs, mouvements- il fallait marquer le retour
de la série avec un grand coup et en mettant les moyens engrangés grâce aux OAV
et la bataille des 12 maisons...)
Dans
ce même épisode, deux autres parties musicales retiendront l'attention :
la première est issue de « Legendary God Warriors » qui sera souvent
entendue par la suite pour marquer la fin d'un épisode (en gros, de Thor
jusqu'à Alberich), en insistant sur l'opposition des cosmos et énergies des
adversaires (soit au moment décisif d'une attaque promettant d'être
apocalyptique). On y retrouve la dimension épique, avec violons et percussions
puissantes de rigueur, les bâtons à percussions jouant sur 2 notes marquant les
défis de Cosmos. La seconde, qui tout comme le générique, s'intitule
« Soldier Dream », en reprend les harmonies avec une basse Funk, un
xylophone jouant là encore sur peu de notes, une batterie misant sur la grosse
caisse et des violons qui emportent vers les cieux. On l'entendra dans les
moments cruciaux de cet arc, mais trouvera bizarrement une meilleure
incarnation dans Poseïdon, lorsque Seiya, Shiryu et Hyoga, revêtus
respectivement des armures du Sagittaire, de la Balance et du Verseau décident
de lancer une attaque kamikaze sur le Pilier Central.
En
parlant plus haut d'une musique plus fouillée et de nouveaux climats sonores,
il faut mentionner la pièce « Find Balmung Sword ». Mystère et
sensualité s'y invitent alors que ces
deux éléments ont toujours été notoirement absents de la série. Pouvant
correspondre à la manipulation et à la perfidie d'Hilda autant qu'en des
secrets enfouis sous la neige, quelque chose de tout simplement magique s'y
dégage, un rayon de soleil issu d'un
rêve agissant sur l'auditeur comme une révélation. Sérénade mortelle, Hautbois
et flûtes d'un autre monde laisseront tout de même la place à des entrées
guerrières car il faut une fois de plus sauver le monde (Athéna devant empêcher
un réchauffement climatique accéléré en moins de temps qu'il n'en faut pour
monter des escaliers en Grèce, ou pour continuer à comparer, en 5 minutes selon
Freezer dans Dragon Ball Z, ou enfin un temps de course sur un terrain
de foot pour Olivier Atton et Mark Landers... Mais grosso-merdo, une demie
journée).
Et
nos 5 amis vont encore en chier, en plus de se les cailler, durant ce laps de
temps où il va falloir enflammer les Cosmos et jouer les
Psys-médiateurs-conciliateurs face à leurs ennemis. Ne pouvant pas trop
développer les Chevaliers d'Athéna sur cette partie (il fallait attendre Poseïdon),
les auteurs ont donc principalement axé leurs efforts sur les opposants. Au
menu : pauvreté, abandon, amours contraints, jalousie, perfidie, parricide
et autres joyeusetés, soit un panel bien plus large que les Chevaliers d'Or
avant eux (Quant aux héros, chacun restera plus ou moins dans son stéréotype ,
on remarquera simplement que Shiryu sera bien mis en avant en battant quasiment
3 guerriers divins et ce à moitié à poil,
tandis que Hyoga, alors qu'il aurait pu être mis en valeur de par les
conditions météorologiques des combats, chopera un chaud et froid qui
l'empêchera de tenter un assaut contre Siegfried – ce que feront Seiya, Ikki,
Shun et Shiryu- , Seiya sera assez transparent, sauf pour être mis en
valeur lors des moments adéquats, Shun sera sauvé 2 fois par Ikki et ce dernier
utilisera à chaque fois l'Illusion Du Phénix pour venir à bout de ses
adversaires).
Yokoyama
va donc injecter ce qu'il faut de tragique pour mettre en sons les vies en
catastrophes des God Warriors. La première partie du thème « Polaris
Hilda », tout en mouvements de violons et longs violoncelles enlumineront ces souvenirs funèbres, viendra
couler ses chaudes larmes sur les souvenirs de chaque guerrier divin. Pour se
focaliser davantage, on retiendra également « Asgard Brothers And
Sisters » et sa douce mélodie à l'harmonica qui immortalisera les regrets
de Bud, emportant son frère Syd sur son dernier chemin ; cet air quasi
Morriconien reviendra tout en force et majesté lors du suicide de Siegfried
contre Sorrente pour le moment sans doute le plus poignant de la saga Asgard :
avec l'ajout d'une section de cuivres, d'un rythme mortel, de guitares New Wave
et des claviers stellaires, « Frey : Hero Of Love And Justice »
fut au départ composé pour l'OAV, mais ne sera entendu que lors des adieux du
Guerrier d'Alpha à ses amis disparus.
Sinon,
le suspense et l'épique sont toujours de mise, mais là encore plus subtilement,
sans perdre pour autant l'impact image/ énergie / musique : ce sera l'une
des grandes réussites de ce chapitre. Nous avons déjà évoqué la dernière partie
de « Legendary God Warriors » qui souligne la fin de quelques
épisodes (surtout quand ceux-là se terminent par la promesse d'assauts), il
faut ajouter deux autres pièces pour ces moments clés, laissant les spectateur
dans de folles expectatives : le milieu de « For The Lovely
Earth », pour marquer la fin de combats (Ikki agonisant dans la neige, en
plein renoncement après sa cruelle victoire contre Mime, Shiryu lui aussi
laissé pour « mort » suite au duel « stratégique » face à
Alberich, l'ombre de Bud apparaissant durant l'affrontement entre Syd et
Shun...) ; on est beaucoup plus ici dans le domaine du suspense et du
mystère, quelques notes d'orgues perlées, accompagnées d'un ensemble à cordes
menaçant, il y a quelque chose d'un certain imaginaire de séries américaines ou britanniques années 60-70 dans
cette partie, renvoyant là inconsciemment à John Barry – nous y reviendrons-
mais cet air n'aurait pas dépareillé dans un film ou une série d'espionnage
occidentale (sphère ou imaginaire musical que l'on retrouve également dans le
thème des débuts d'épisode, « Towards Valhalla Temple », avec une
utilisation de xylophone)
Dernière
musique marquant des fins d'épisodes : « New Wars Comes Up ».
Elle est surtout entendue pour boucler les épisodes de la deuxième partie (à
partir du noyau Mime /Alberich, la menace est plus importante), et souligne
l'urgence à venir, que ce soit dans une course vers le palais d'Hilda ou pour
encore insister sur l'issue d'un combat décisif. Sur l'instrumentation,
l'utilisation d'un triangle à chaque coup rythmique renforce l'aspect
« compte à rebours » (encore présent si l'on compare avec l'arc du Sanctuaire,
bien qu'il n'y ait plus d'Horloge, le timing est le même, nos héros se repérant
davantage avec le Cosmos de Saori ou avec les éléments) tandis que les cordes
conservent la folie épique habituelle.
On
pourrait encore continuer longtemps ainsi sur ce chapitre des ennemis du Grand
Nord, mais les OST IV (comprenant la bande originale de l'OAV en plus de
quelques titres de la période du Sanctuaire) et VI (uniquement axé sur
les épisodes) sont les plus recommandables et bénéficient des meilleures
tracklists...
Et il
est dommage de terminer sur la période la plus médiocre de l'épopée Saint
Seiya, mais c'est bel et bien avec la partie Poséïdon (la
dernière en Anime avant un retour en OAV 15 ans plus tard adaptant le chapitre Hadès)
que les choses se gâtent quelque peu. Sans trop revenir en détail sur la série,
la magie ne fonctionne plus. Les Marinas sont taillés dans les archétypes
Kurumadiens et n'apportent pas grand chose de nouveau, surtout si l'on compare
avec la richesse des caractères présents dans Asgard (Baian utilise une
technique similaire à Misty, Krishna est un mélange de Shaka et Shura, Kassa ne
représente pas la menace escomptée alors qu'il avait les moyens de mettre la
raclée à Ikki, Isaac est un nouveau prétexte pour que Hyoga élimine un
proche...). C'est dommage alors que Shun défait deux ennemis et pas des
moindres (Io et Sorrento) et se montre particulièrement actif (il fera le
maximum de combats sur cette période).
L'histoire
donc tombe à plat après les défis précédents et il en va de même pour la
musique, malgré les qualités de composition de Seiji Yokoyama. D'ailleurs,
beaucoup de musiques d'Asgard, du Sanctuaire et du film Abel sont
réutilisées et laissent finalement peu de place aux nouveaux morceaux. Yokoyama
reste fidèle à lui-même en adaptant son instrumentation au contexte
géographique (ici des instruments tels que la lyre ou la mandoline, plus
connotés « Méditerranéens »). Il en tire pourtant quelques belles
pièces, comme sur « Another Holy War » avec des montées en puissance
plus contenues que de coutume et des guitares plus en sourdines mais qui créent
des climats amers. « Seven Generals », thème coloré et militaire, et
pourtant pas mauvais, peine à transcender les thèmes d'introduction des
épisodes du Sanctuaire (qui brillait par son dynamisme Funky) et d'Asgard
(qui donnait dans le mystère et l'amertume) et à revêtir d'une identité
forte la période Poséïdon.
Evidemment, les thèmes associés à Sorrento (« Dead End
Symphony » et « Siren Sorrento »), un des vrais personnages clés
de cette saga, n'ont pas ce problème et ont vraiment quelque chose
d' « incarnant » par rapport au reste. Cependant, et sans
mauvais jeu mots (enfin si...), toute cette période tombe à l'eau. Les combats
restent globalement bons mais répétitifs (Shiryu redevient aveugle et est
contraint à un choix « tout ou rien », Ikki sauve la mise aux autres,
Hyoga retrouve une connaissance, le Boss de fin de niveau est manipulé...), on
peut noter un léger regain d'intérêt à partir d'Isaac, mais seul Sirène a
l'intelligence de se rendre compte des choses avant d'y passer et d'intervenir
en conséquence (ce sera l'unique personnage dans Saint Seiya a
survivre ainsi). Kanon reste attachant, charismatique et « badass »,
mais aura beaucoup plus d'intérêt dans Hadès.
Pour
terminer ce tour d'horizon musical qui suit l'histoire de Saint Seiya,
attardons nous quelque peu sur la musique du film Les Guerriers d'Abel
(le summum du massacre du doublage français ayant été atteint dans ce film,
nous en conseillerons le visionnage en V.O.S.T., sauf si vous n'avez pas peur
des dialogues « What The Fuck »...), qui à l'instar de son excellente
animation, contient là aussi de magnifiques parties et de beaux frissons
mélodiques.
Ce film a les défauts propres à ce type d'exercice : combats vite expédiés, trame cousue de fil blanc, personnages inutiles ou sous exploités mais il contient quelques points et moments intéressants, ou rares dans cette œuvre : on se souviendra avant tout d'un Seiya en plein doute, rejeté par Athéna, qui perd l'envie de se battre (alors que Shiryu reste solide et prend un temps le leadership de la bande). Totalement ridiculisé par Atlas, il devient quelque peu absent et il faudra que Saga le défie et le remette sur le droit chemin pour qu'il redevienne le chevalier Pégase que l'on connaît. Par ailleurs, Ikki se fait pour une fois vite rétamer alors que Hyoga connaît un réel moment « Badass » face à Bérénice (le Cygne sera l'unique Bronze Saint à vaincre un chevalier de Corona tout seul). Ce combat nous permet donc de mettre en lumière le thème « Unbinding Will », où ensemble à cordes pleureuses illustrent les souvenirs mélancoliques de Hyoga avec sa mère, lui donnant la force d'éliminer en un coup terrible son opposant, alors que trompettes de la mort surgissent avant d'exploser en un solo torturé de Hard Rock ultra épique, en enchaînant sur Seiya prêt de nouveau à en découdre face à Saga.
S'ensuivra
quelques minutes et décès explosifs plus tard un thème militaire joué au départ
uniquement à la batterie (ce rythme ne dénoterait pas dans un morceau Indus
retravaillé...), où quelques notes de flûtes insidieuses et cauchemardesques
viendront sonner le glas de tous les Bronze Saints face à Atlas. Nous parlons
ici de « Run To The Corona Temple » (Le verbe « Run » est
assez mal choisi, nos héros arrivant au temple plutôt en rampant comme ils
peuvent...) qui renforce la puissance d'Atlas, chacun ayant essayé de
l'affronter sans quelconque succès. Une toute puissance que l'on retrouvait
déjà au début du film, lors du premier affrontement avec Seiya, avec
percussions guerrières dans « Heated Saints ».
Niveau
émotion, beauté glacée et chants d'un autre monde, « Athena's Death »
narre musicalement le moment où Athéna / Saori semble être partie pour
l'au-delà définitivement, et où l'on voit Seiya courir sans but dans les rues
et le port longeant son appartement, après sa dispute avec Hyoga et les autres
suite à la décision de sa dulcinée de les « révoquer » en tant que
Saints- si ses compagnons sont résignés, lui refuse obstinément un tel état de
fait... Si cette partie reprend des codes et instrumentations déjà entendues
maintes fois dans la série, l'animation et l'abandon présent dans cette scène
font merveille.
Globalement,
la musique dans ce film est de très bonne qualité et reste d'un niveau
comparable avec les périodes Sanctuaire
et Asgard.
Dans
les premières lignes de ces impressions, nous parlions d'influences
occidentales en ce qui concerne les parties classiques et modernes entendues
dans Saint Seiya : le mot « influences » est
peut-être un peu fort, mais l'on peut du moins faire quelques rapprochements.
Attention, chaque écoute étant subjective, les quelques noms qui vont suivre
sembleront sans doute hasardeux, l'auteur de ces lignes étant plus un amateur
passionné qu'un professionnel chevronné.
Pour
la partie Asgard, les noms de John Barry, Lalo Schiffrin et Ennio Morricone
furent évoqués. Quel rapport avec Saint Seiya ? Seiya et les
autres n'ont rien d'un James Bond, d'un Jim Phelps ou d'un Homme Sans Nom,
c'est entendu. Mais musicalement, on peut tout de même trouver des liens si
l'on tend l'oreille.
Sous
diverses formes et épithètes exagérés, nous avons parlé des cuivres
pachydermiques, éléphantesques et mammouthesques de la série. Ces cuivres
peuvent alors nous rappeler ceux du compositeur Britannique John Barry. On peut
affirmer sans trop se tromper que les films de James Bond ont eu
un succès important également au Japon et que musicalement les bandes-sons de
ces films sont devenues quelque chose d'universel, facilement parodiable pour
le meilleur et pour le pire. Pour faire le rapprochement avec la série animée,
il y a aussi une certaine cinématographie dans les combats et l'animation. Mais
Saint Seiya ne contient aucun élément sensuel ou de moments d'espionnage (bien
qu'il y ait des machinations). On se tournera donc plus volontiers sur d'autres
travaux de John Barry pour la comparaison. Nous citerons donc le thème que
Barry a composé pour Game Of Death, dernier projet de Bruce Lee avant
son décès en 1973. La dimension de combat y est forcément et fortement
présente, et renvoie plus facilement à des titres comme « Glide !
Pegasus », « New Wars Comes Up » ou « Legendary God
Warriors » pour ne citer qu'eux. Pour continuer avec l'univers musical de
Bruce Lee, le thème de The Way Of The Dragon (là où le petit Dragon affronte Chuck Norris
dans le Colisée...) pourrait lui aussi s'acoquiner avec l'univers musical de
Saint Seiya avec ses cris guerriers, son rythme trépidant, son intensité et ses
trompettes épiques...
En
restant dans cette période 60/70, un autre (grand) écart peut être fait en
tissant des liens entre le thème joué à la lyre par Mime et celui de The
Persuaders (Amicalement Vôtre, en V.F.) avec une progression
similaire, une certaine mélancolie méditerranéenne et surtout une grande
classe.
Par
ailleurs, et sans faire trop de lien avec le genre du Western Spaghetti (la
plupart des combats dans Saint Seiya sont pourtant des duels,
insistant sur deux forces opposées ou complémentaires), on retrouve également
du Ennio Morricone dans la diversité des instruments, dans l'exotisme côtoyant
le classique ou encore Luis Bacalov (on pense à « The Grand Duel :
Parte Prima », où la fin du morceau renvoie aux envolées lyriques
entendues dans « Athena's Death » ou les thèmes renvoyant à Saori ou
Hyoga). Et là encore de manière capillotractée, les cordes dérangées de
« Glide !Pegasus » (et c'est peut être plus évident lorsque
celle-ci est jouée en Live lors des nombreux concerts hommages à Seiji Yokoyama
et Saint Seiya) pourraient être les cousines éloignées de celles
utilisées par Bernard Hermann pour le thème de Psycho (Psychose).
Tout
cela pour dire, que plus de 30 ans après leur création, Saint Seiya et les
musiques de Seiji Yokoyama ont eux aussi leur place dans la grande
« Culture Pop ». Autres preuves que ces musiques uniques sont
indissociables de cette œuvre (voire indispensable!) sont la colère des fans lorsque
sort un jeu vidéo Saint Seiya n'intégrant pas les musiques de
Yokoyama et la présence des thèmes musicaux dans l'excellente et délirante série abrégée CDZA (StateAlchemist,
l'auteur de cette parodie y remercie Yokoyama autant que Masami Kurumada et
Shingo Araki- on ne saurait mettre d'autres musiques dans cette épopée). C'est
également sans compter les nombreux concerts donnés par des orchestres partout
dans le monde reprenant les morceaux phares de la série et qui connaissent
toujours un certain succès.
Tous
droits : Masami Kurumada / Shingo Araki / Toei Animation et Seiji
Yokoyama.
Note
de l'auteur : en rédigeant ces quelques impressions, j'eus la
tristesse d'apprendre le décès récent de Seiji Yokoyama. Cette modeste analyse
en devient donc indirectement un hommage. Merci donc à ce grand homme de la
musique qui aura su donner des frissons et des émotions à bien des
fans !!!
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