samedi 15 décembre 2018

La musique dans Saint Seiya (Machete83)


       (Ici certains des membres les plus éminents d’XSilence attendant l’ouverture de la terrasse couverte…. Des débats-combats    de 1000 jours et 1000 nuits vont-ils avoir lieu entre ceux qui croient au Synthé et ceux qui l'exècrent ?)

(images à suivre tirées du site : saintseiya.wikia.com)

Même si elles vont forcément évoquer quelques combats et moments clés de ce fabuleux Manga / Anime qu’est Saint Seiya, les impressions qui vont suivre vont avant tout se concentrer sur les musiques de la série animée de 1986, en s’étendant quelque peu sur les films et OAV issus de la même période.
Aussi, les morceaux abordés seront signalés par une traduction anglaise, le japonais troisième langue de votre serviteur étant exécrable, et prennent pour base et références les Saint Seiya Original Soundtrack I- VIII.


LA MUSIQUE DANS SAINT SEIYA…

Apprécier la musique dans Saint Seiya, ce n’est pas forcément être fan de lyre ou de flûte. D’ailleurs l’une des grandes forces de la série animée dans son orchestration est son mélange des genres, entre tradition et modernité, entre expressionisme oriental et influences occidentales. On trouvera donc  largement de quoi se nourrir avec de la pure J-Pop, du piano Jazz pour parer des morceaux dynamiques et rythmés avec des basses Funky, des cuivres ronflants et grandiloquents, des pièces symphoniques, du vieux Hard 80’s et des guitares torturées, des chants cosmiques et mystiques, des voix de sirènes et bien d’autres formes musicales encore au service du frisson émotionnel et de l’épique.



Cette richesse, nous la devons avant tout au compositeur Seiji Yokoyama (1935-2017) et au Andromeda Harmonic Orchestra (génériques de début et de fin selon les arcs narratifs exceptés, confiés à des groupes de Rock Japonais). Sans rentrer dans une biographie complète, on peut toutefois noter que Yokoyama avait participé à la bande originale d’Harlock (soit Albator par chez nous) avant de travailler sur Saint Seiya, et qu’il fut récompensé, pour cette dernière oeuvre, d’ un prix JASRAC dans son pays (soit la reconnaissance professionnelle ultime, équivalent à la SACEM en France).

Pour être donc à la hauteur et épouser les mouvements  du dessin et du character design de Shingo Araki et Michi Himeno, pour donner davantage corps à l’histoire de Masami Kurumada et enfin sublimer les diverses émotions des protagonistes, il fallait par conséquent une musique à faire péter des colonnes grecques, du son à frissons, des thèmes à faire couler des larmes alors que nos héros versent leur sang… Ce que Yokoyama et son orchestre ont pleinement réussi. Mais loin de se contenter d’une formule musicale « BiggerThan Life », ils auront réussi à la faire évoluer, à l’adapter selon les moments, enjeux et lieux des combats. La palette de sons et l’instrumentation  s’élargira au fur et à mesure des arcs narratifs pour atteindre un équilibre et un sommet artistique sur la période Asgard, avant de retomber quelque peu sur la partie Poseïdon.

Si en premier lieu viennent à l’esprit des cuivres pétaradants et dantesques, agrémentés de symphonies lorsque l’on pense à Saint Seiya, la variété est de mise dès le départ : le générique « Pegasus Fantasy » du groupe Make-Up donne dans le Hard 80, l’excitation et l’intensité, avec un riff démentiel et exagéré comme il se doit : Bernard Minet peut aller enlever son armure en plastique. L’air principal sera retravaillé d’ailleurs par Yokoyama en version instrumentale douce (« Saint Of Hope »)  pour des moments plus intimistes, surtout pendant le chapitre du Sanctuaire (avec claviers astraux, trompettes mélancoliques et violons chargés de pathos, idéaux pour se poser des questions sur son destin en regardant les étoiles ou en ayant un énième flashback sur une enfance difficile…).

Une fois que Seiya retourne à Tokyo pour participer au tournoi sous la contrainte, d’autres musiques apparaissent, plus typiques de leur époque : Pop Japonaise avec éléments de Disco, de Rock et de Funk (le morceau « Galaxian Wars » qui sert de musique pour les résumés d’épisodes précédents, la seconde partie de la pièce « Burn Cosmos » utilisé notamment lors de l’apparition des chevaliers noirs avec des solos torturés à n’en plus finir, le titre intitulé « Revenger Phoenix », qui est plutôt utilisé lors du combat entre Seiya et Shiryu avec une rythmique particulièrement dynamique et des guitares aux Riffs gras et démoniaques…)

Il n’est pas anodin que ces titres plus « modernes » (pour leur époque, bien entendu) soient davantage utilisés lors de la période Tournoi / Chevaliers Noirs (les puristes diront GalaxianWars / Black Saints) : on nous présente de jeunes personnages, des adolescents auxquels les spectateurs peuvent s’identifier, il faut donc les charmer avec de la musique actuelle. De plus, l’environnement urbain que l’on ne retrouvera presque plus par la suite colle parfaitement avec cette contemporanéité des thèmes utilisés : l’un des exemples les plus probants est le moment où Hyoga puis les autres commencent à courser les Phénix Noirs en plein Tokyo après le vol de l’armure d’Or : la rythmique est à la fois ultra légère et dynamique, fine comme du Jazz et efficace comme de la Pop, avec un piano qui se balade entre les deux avec une agilité folle (« Black Saints Challenge »), tandis que les ennemis se font atomiser sur des gratte-ciels, dans des ports ou en plein trafic d’heure de pointe… On recroisera cette énergie classe qui en met plein la gueule sur la deuxième partie du titre « Hoo Yoku Ten Shoo » marquant par exemple le premier « retour » d’Ikki du côté de ses compagnons, en sauvant Shun du Chevalier des Flammes (un des nombreux « fillers » de l’Anime), avec cordes et synthés infernaux, et guitares abrasives.

Par la suite, les thèmes « classiques », c’est-à-dire mêlant Rock et ensemble symphonique vont se tailler la part du lion : « Enter ! Steps Of Evil » (plutôt utilisé lorsque les adversaires mettent les héros minables) ou « Launch Ryu Sei Ken » (mettant en valeur les Chevaliers de Bronze après un regain d’espoir et d’énergie) caractériseront cet esprit d’action et de rebondissement dans les combats contre les Silver Saints (Chevaliers d’Argent).

Mais c’est véritablement lors de la bataille des 12 maisons que les thèmes les plus identifiables et populaires vont se graver durablement dans la tête des spectateurs. Toutes les musiques composées jusqu’ici et présentes sur les volumes 1 à 3 des OST vont alors prendre tout leur sens et incarnation, tandis que le doute de nos héros va se muer en conviction : leur mission devient une évidence, la fraternité et amitié les unissant devenant plus solide que jamais auparavant.  12 travaux d’Hercule à accomplir en deux fois moins de temps dont dispose Jack Bauer habituellement, il faut donc de la tension et du suspense, sans pause pipi, clope ou goûter.



Quel fan peut donc oublier le thème de « Glide Pegasus » sur cette période ? Si la première partie est censée représenter l’espoir de victoire pour  Seiya ou  ses compagnons durant un bouleversement de situation, nos champions du bien retournant celle-ci à leur avantage sur des cuivres vrombissants et des sections rythmiques tonitruantes, la troisième est systématiquement mise en valeur lors des derniers retranchements et points de non-retour (pêle-mêle : Ikki  inconscient immobilisant Shaka et prêt à tout exploser dans la maison de la Vierge, Seiya et Shiryu pensant avoir perdu tous leurs compagnons qui décident de faire attaque commune contre Milo du Scorpion en mode « déter », Hyoga se libérant du deuxième cercueil de glace de la journée en prévenant Camus que ça ne va pas se passer comme prévu, Saga se débarrassant d’Ikki pour aller courser Seiya avant que celui-ci n’atteigne le bouclier d’Athéna…) : violons dingues, rythme effréné, basse de compte à rebours surtendue et précise, instruments qui s’emballent au milieu d’un piano en folie jusqu’au climax final… (ce sera d’ailleurs l’un des seuls thèmes réutilisés dans la partie Asgard , durant le combat entre Shun et Syd de Myzar).Le chapitre du Sanctuaire est bel et bien celui du sens lyrique et de l’homérique : il y a quelque chose de pourri au royaume d’Athéna et il va falloir faire le ménage, à l’image de la deuxième partie de « Fight ! Sanctuary » qui trouve une de ses meilleures illustrations lorsque Saga, en plein délire schizo devant son miroir, fait le « body count » de la bataille alors que Seiya se dirige vers la chambre du Grand Pope après avoir laissé Aphrodite à Shun. Citons encore un thème à la fois guerrier et émouvant, symbolisant à la fois l’aspect ultra décisif des affrontements et la tristesse de devoir laisser des compagnons derrière : « Cosmos Of Friendship » (là encore, lorsqu’Ikki décide d’en finir avec Shaka en expliquant qu’il s’est « volontairement » laissé privé de ses sens pour mieux le désintégrer ou encore lorsque le même Ikki ressurgit face à Saga, prêt à lui régler son compte, en exprimant  ses regrets envers ses compagnons sacrifiés) : piano minimaliste et descendant, accords de guitares simples mais déterminés, pulsations décisives et trompettes guerrières, avant un solo déchirant.

 Dans le domaine du déchirement et du sacrifice, l’arc Sanctuaire  joue également à fond sur la carte de l’affect quand il ne fait pas tout pour faire déborder les larmes : si la mort de Cassios dans la maison du Lion ou la « disparition » d’Ikki dans celle de la Vierge constituent des pics d’émotion, c’est bel et bien à partir du pseudo-suicide de Shiryu face à Shura que l’on va verser des larmes en quantité supérieure : Ikki étant un peu à part dans le groupe, lorsque Shiryu s’envole dans les cieux avec le Capricorne, c’est le point d’équilibre des quatre chevaliers principaux qui disparaît. On sent alors que ce n’est que le début d’une longue succession d’épisodes tragiques. Et c’est ici, alors que le Vieux Maître voit son disciple se transformer en étoile filante, que Shunrei refuse de voir son amour partir et  que Seiya perd son meilleur potos (soit celui qui le raisonnait,  qui était un appui solide en toutes circonstances), que l’on entend cette musique de départ céleste qu’est la deuxième partie du morceau « Glide ! Pegasus ». Bien que déjà utilisée auparavant et présente dans les épisodes suivants, elle restera à jamais associée à l’ « Ultime Dragon ». Tous les instruments (cordes, piano, trompettes cérémonieuses et surtout guitares électriques) se joignent pour tirer sur l’ambulance et sur la corde de nos âmes sensibles. Ce qui donnera le ton pour les combats suivants, c’est-à-dire, Hyoga contre Camus et Shun contre Aphrodite.

Hyoga étant le personnage le plus romantique et tourmenté du lot (avec un sévère complexe oedipien quand même…), il est l’un des Saints avec le plus de thèmes mélancoliques durant toute la partie Sanctuaire : que ce soit lors de  ses combats, pendant ses moments en slip sur la banquise ou lors de ses nombreux flashbacks, on est là pour pleurer : il est alors naturel de lui associer les thèmes comme « Sad Brothers », « Aria Of The Three » (sinon entendu pour la mort de Cassios ) ou l’évocateur « Remember Sadness » sublimant les derniers instants de son combat avec Camus (l’un des plus beaux épisodes de la série, tout simplement), et utilisé généralement dans d'autres combats mettant en scène notre Russe blondinet pour associer neige, pureté et tristesse (il a un même carrément un thème à son nom « Cygnus, Warrior Of Ice », qui trouve aussi une suite dans les guitares et le chant de déesse désespéré de « Inside A Dream », aussi utilisé lors du supposé décès de Shiryu dans la dixième maison). Cette association d'émotions cotonneuses sera reprise et travaillée à son sommet dans la partie Asgard.

Avant de nous étaler un peu plus sur cette partie particulière de l'Anime, notons enfin, car c'est un élément aussi important que l'émotion et l'épique, la forte présence de morceaux soulignant le suspense. Evidemment, la bataille des 12 maisons constitue le pic de frissons de la saga (ils seront aussi présents dans Asgard, mais seront davantage d'ordre là encore émotionnel, cet épisode nordique mettant en avant la psychologie des personnages du camp adverse, riche en tragédies), mais leur présence fut autant équilibrée et prégnante sur les épisodes allant du tournoi jusqu'aux retrouvailles de l'armure du Sagittaire : des combats certes, mais aussi des interrogations (pourquoi et pour qui combattre?), des machinations (les diverses stratégies du Pope pour éliminer les Bronze et récupérer l'armure d'Or), des histoires de revanche (Shaina et sa relation amour-haine avec Seiya). Avant que tout ne finisse pendant un marathon en escalier de Midi à après Minuit un jour d'été en Grèce, il a fallu tendre ce fil d'Ariane, attendre de trouver l'issue et les musiques de Yokoyama ont su mettre en sons cette attente, ces questions, cette escalade progressive sur le fil du rasoir. Cette tension, cette zone floue entre le bien et le mal (et cette question restera souvent complexe dans Saint Seiya, qui pour l'époque dépassait largement les schémas manichéens) s'illustre dès les premiers épisodes avec le thème « Sanctuary's Shudder » : une note de clavier répétée avec des percussions serpentines en fond, puis des coups de batteries ultra rapides et brefs, puis les cuivres qui viennent asseoir cette ombre maléfique qui ne sera jamais très loin. On entendra ce thème régulièrement, mais c'est lorsque Hyoga « défie » Seiya et Shiryu suite à son combat contre Ichi de l'Hydre en se demandant qui sera son prochain adversaire entre les deux que cet air surgit pour la première fois pour ne plus quitter nos héros par la suite.  Pour marquer la présence constante du mal, le thème « Pope Ares » définira les plongées dans les machinations du Grand Pope, tandis que « Dilema Shadow Approaching » sera souvent en fond lors des doutes ou des défaites de nos héros, le violon versant dans l'aigu et le triangle insistant sur la tension.

Nous en arrivons maintenant à la partie Asgard, méritant une analyse plus fouillée, à l'image des sons mis en scène sur ces 26 épisodes. C'est un cas un peu à part, car il n'est pas présent dans le Manga d'origine, et est pourtant plébiscité par les fans Européens (le succès fut moindre au Japon). Masami Kurumada ne pouvant pas publier aussi vite que la diffusion du dessin animé, la Toei Animation a donc du créer de toutes pièces un arc pour lui permettre d'écrire et de dessiner Poseidon. Enfin, de toutes pièces, pas exactement...



Suite au deuxième OAV sorti durant la période Sanctuaire, les auteurs de la Toei ont décidé d'exploiter l'idée et le filon nordique jusqu'au bout. L'OAV, racontait à la base comment Seiya, Shiryu et Shun, partis à la recherche de Hyoga mystérieusement disparu, allaient tomber dans le piège des Guerriers Divins, afin que le Royaume du Grand Nord soit celui qui domine les autres sur Terre. Présentant peu d'intérêt, si ce n'est le combat entre Shiryu et Hyoga, car expéditif en termes de combats et d'histoire, l'animation et la musique  y sont par contre superbes. Et c'est sans doute sur  cet OAV et la partie Asgard en Anime que l'art de Yokoyama va atteindre ses sommets.
La musique sera donc plus fouillée, à l'image des paysages dans lesquels les combats se dérouleront (montagnes, glaciers, grottes cachant des souches volcaniques, ruines, forêts, palais en intérieur et extérieur...- il fallait changer des affrontements plan-plan du Sanctuaire à ce niveau là et montrer autre chose que le démontage en règle de colonnes grecques...). L'instrumentation se fera plus luxuriante, et collera à l'esprit « Scandinave » : accordéon, harmonica, clarinette, chants guerriers aux voix masculines... Yokoyama et sa bande feront également l'effort de varier les ambiances, pour dégager des expressions jusqu'ici peu présentes.

Au niveau du générique, un changement s'opère également, l'ouverture sera désormais « Soldier Dream » interprété par le groupe Broadway. Balançant davantage dans l'espoir que dans le poutrage « dans ta gueule », le thème est plutôt dans l'exaltation de l'amour et de l'amitié au service du bien. Même s'il est fidèle à l'esprit de la série, les fans favoriseront en général « Pegasus Fantasy » car plus incarnant et électrique (peu de guitare mise en avant dans cette deuxième ouverture, au profit de claviers), et surtout rythmé. Mais c'est bien le seul bémol (tout relatif) à attribuer à cette ère musicale dans Saint Seiya.

Une étendue glacée balayée par des vents mortels, un peuple qui se meurt de fin, un accordéon lancinant qui souligne la tristesse et le renoncement : ainsi débute Asgard avec la partie finale du morceau « Polaris Hilda ». La princesse du Grand Nord envoie ses supplications à Odin, mais c'est Poseïdon qui va l'emporter et la manipuler tel un Gollum avec l'anneau des Nibelungen. Un nouveau mal va prendre forme. Les armures divines avec leurs guerriers au passé aussi (voire même plus) douloureux que nos Saints vont être présentés. Ici pas de musique démoniaque, pas de violons lâchés à fond les ballons, mais une musique plus insidieuse, sournoise, enveloppant d'obscurité ces étoiles au destin tragique (deuxième mouvement de « The Tears Of The Sad Heroes »). Ces traîtres flûtes réapparaîtront dans « Nibelungen Ring », marquant la première apparition de Syd De Myzar dans le jardin de Saori, alors qu'il explique le défi qu'Hilda veut lancer aux Chevaliers d'Athéna. Il en profitera pour donner une leçon aux Bronzes secondaires, ainsi qu'à Shun et Seiya, profitant de ce moment pour tester leurs nouvelles armures. Ces combats de l'épisode 74 représenteront un summum de beauté dans l'expression et l'animation (couleurs, mouvements- il fallait marquer le retour de la série avec un grand coup et en mettant les moyens engrangés grâce aux OAV et la bataille des 12 maisons...)

Dans ce même épisode, deux autres parties musicales retiendront l'attention : la première est issue de « Legendary God Warriors » qui sera souvent entendue par la suite pour marquer la fin d'un épisode (en gros, de Thor jusqu'à Alberich), en insistant sur l'opposition des cosmos et énergies des adversaires (soit au moment décisif d'une attaque promettant d'être apocalyptique). On y retrouve la dimension épique, avec violons et percussions puissantes de rigueur, les bâtons à percussions jouant sur 2 notes marquant les défis de Cosmos. La seconde, qui tout comme le générique, s'intitule « Soldier Dream », en reprend les harmonies avec une basse Funk, un xylophone jouant là encore sur peu de notes, une batterie misant sur la grosse caisse et des violons qui emportent vers les cieux. On l'entendra dans les moments cruciaux de cet arc, mais trouvera bizarrement une meilleure incarnation dans Poseïdon, lorsque Seiya, Shiryu et Hyoga, revêtus respectivement des armures du Sagittaire, de la Balance et du Verseau décident de lancer une attaque kamikaze sur le Pilier Central.

En parlant plus haut d'une musique plus fouillée et de nouveaux climats sonores, il faut mentionner la pièce « Find Balmung Sword ». Mystère et sensualité s'y invitent  alors que ces deux éléments ont toujours été notoirement absents de la série. Pouvant correspondre à la manipulation et à la perfidie d'Hilda autant qu'en des secrets enfouis sous la neige, quelque chose de tout simplement magique s'y dégage, un rayon de soleil  issu d'un rêve agissant sur l'auditeur comme une révélation. Sérénade mortelle, Hautbois et flûtes d'un autre monde laisseront tout de même la place à des entrées guerrières car il faut une fois de plus sauver le monde (Athéna devant empêcher un réchauffement climatique accéléré en moins de temps qu'il n'en faut pour monter des escaliers en Grèce, ou pour continuer à comparer, en 5 minutes selon Freezer dans Dragon Ball Z, ou enfin un temps de course sur un terrain de foot pour Olivier Atton et Mark Landers... Mais grosso-merdo, une demie journée).

Et nos 5 amis vont encore en chier, en plus de se les cailler, durant ce laps de temps où il va falloir enflammer les Cosmos et jouer les Psys-médiateurs-conciliateurs face à leurs ennemis. Ne pouvant pas trop développer les Chevaliers d'Athéna sur cette partie (il fallait attendre Poseïdon), les auteurs ont donc principalement axé leurs efforts sur les opposants. Au menu : pauvreté, abandon, amours contraints, jalousie, perfidie, parricide et autres joyeusetés, soit un panel bien plus large que les Chevaliers d'Or avant eux (Quant aux héros, chacun restera plus ou moins dans son stéréotype , on remarquera simplement que Shiryu sera bien mis en avant en battant quasiment 3 guerriers divins et ce à moitié à poil,  tandis que Hyoga, alors qu'il aurait pu être mis en valeur de par les conditions météorologiques des combats, chopera un chaud et froid qui l'empêchera de tenter un assaut contre Siegfried – ce que feront Seiya, Ikki, Shun et Shiryu- , Seiya sera assez transparent, sauf pour être mis en valeur lors des moments adéquats, Shun sera sauvé 2 fois par Ikki et ce dernier utilisera à chaque fois l'Illusion Du Phénix pour venir à bout de ses adversaires).

Yokoyama va donc injecter ce qu'il faut de tragique pour mettre en sons les vies en catastrophes des God Warriors. La première partie du thème « Polaris Hilda », tout en mouvements de violons et longs violoncelles  enlumineront ces souvenirs funèbres, viendra couler ses chaudes larmes sur les souvenirs de chaque guerrier divin. Pour se focaliser davantage, on retiendra également « Asgard Brothers And Sisters » et sa douce mélodie à l'harmonica qui immortalisera les regrets de Bud, emportant son frère Syd sur son dernier chemin ; cet air quasi Morriconien reviendra tout en force et majesté lors du suicide de Siegfried contre Sorrente pour le moment sans doute le plus poignant de la saga Asgard : avec l'ajout d'une section de cuivres, d'un rythme mortel, de guitares New Wave et des claviers stellaires, « Frey : Hero Of Love And Justice » fut au départ composé pour l'OAV, mais ne sera entendu que lors des adieux du Guerrier d'Alpha à ses amis disparus.


En parlant musique ici, on ne peut évidemment pas faire l'impasse sur le personnage de Mime de Benetnash, Guerrier Divin d'Eta, utilisant une lyre et de mortelles mélodies pour venir à bout de ses adversaires. Son design s'inspire directement du personnage d'Orpheus dans l'OAV La Légende De La Pomme d'Or (très oubliable) et rappelle fortement le Silver Saint Orphée dans la partie Hadès du Manga. La mélodie qu'il joue, (« Mime's Requiem »), fut de nombreuses fois entendue dans la partie Sanctuaire (souvent pour symboliser une défaite hallucinatoire ou illustrer un « Bad Trip » façon Illusion du Phénix) ou le déjà cité La Légende De La Pomme  d'Or justement. La mélodie, se baladant au départ entre tristesse et danger, se pare ensuite de guitares brûlantes pour souligner l'aspect malfaisant et mortel de cet air que n'aurait pas renié Lalo Schiffrin.


Sinon, le suspense et l'épique sont toujours de mise, mais là encore plus subtilement, sans perdre pour autant l'impact image/ énergie / musique : ce sera l'une des grandes réussites de ce chapitre. Nous avons déjà évoqué la dernière partie de « Legendary God Warriors » qui souligne la fin de quelques épisodes (surtout quand ceux-là se terminent par la promesse d'assauts), il faut ajouter deux autres pièces pour ces moments clés, laissant les spectateur dans de folles expectatives : le milieu de « For The Lovely Earth », pour marquer la fin de combats (Ikki agonisant dans la neige, en plein renoncement après sa cruelle victoire contre Mime, Shiryu lui aussi laissé pour « mort » suite au duel « stratégique » face à Alberich, l'ombre de Bud apparaissant durant l'affrontement entre Syd et Shun...) ; on est beaucoup plus ici dans le domaine du suspense et du mystère, quelques notes d'orgues perlées, accompagnées d'un ensemble à cordes menaçant, il y a quelque chose d'un certain imaginaire de séries  américaines ou britanniques années 60-70 dans cette partie, renvoyant là inconsciemment à John Barry – nous y reviendrons- mais cet air n'aurait pas dépareillé dans un film ou une série d'espionnage occidentale (sphère ou imaginaire musical que l'on retrouve également dans le thème des débuts d'épisode, « Towards Valhalla Temple », avec une utilisation de xylophone)
Dernière musique marquant des fins d'épisodes : « New Wars Comes Up ». Elle est surtout entendue pour boucler les épisodes de la deuxième partie (à partir du noyau Mime /Alberich, la menace est plus importante), et souligne l'urgence à venir, que ce soit dans une course vers le palais d'Hilda ou pour encore insister sur l'issue d'un combat décisif. Sur l'instrumentation, l'utilisation d'un triangle à chaque coup rythmique renforce l'aspect « compte à rebours » (encore présent si l'on compare avec l'arc du Sanctuaire, bien qu'il n'y ait plus d'Horloge, le timing est le même, nos héros se repérant davantage avec le Cosmos de Saori ou avec les éléments) tandis que les cordes conservent la folie épique habituelle.


On pourrait encore continuer longtemps ainsi sur ce chapitre des ennemis du Grand Nord, mais les OST IV (comprenant la bande originale de l'OAV en plus de quelques titres de la période du Sanctuaire) et VI (uniquement axé sur les épisodes) sont les plus recommandables et bénéficient des meilleures tracklists...
Et il est dommage de terminer sur la période la plus médiocre de l'épopée Saint Seiya, mais c'est bel et bien avec la partie Poséïdon (la dernière en Anime avant un retour en OAV 15 ans plus tard adaptant le chapitre Hadès) que les choses se gâtent quelque peu. Sans trop revenir en détail sur la série, la magie ne fonctionne plus. Les Marinas sont taillés dans les archétypes Kurumadiens et n'apportent pas grand chose de nouveau, surtout si l'on compare avec la richesse des caractères présents dans Asgard (Baian utilise une technique similaire à Misty, Krishna est un mélange de Shaka et Shura, Kassa ne représente pas la menace escomptée alors qu'il avait les moyens de mettre la raclée à Ikki, Isaac est un nouveau prétexte pour que Hyoga élimine un proche...). C'est dommage alors que Shun défait deux ennemis et pas des moindres (Io et Sorrento) et se montre particulièrement actif (il fera le maximum de combats sur cette période).

L'histoire donc tombe à plat après les défis précédents et il en va de même pour la musique, malgré les qualités de composition de Seiji Yokoyama. D'ailleurs, beaucoup de musiques d'Asgard, du Sanctuaire et du film Abel sont réutilisées et laissent finalement peu de place aux nouveaux morceaux. Yokoyama reste fidèle à lui-même en adaptant son instrumentation au contexte géographique (ici des instruments tels que la lyre ou la mandoline, plus connotés « Méditerranéens »). Il en tire pourtant quelques belles pièces, comme sur « Another Holy War » avec des montées en puissance plus contenues que de coutume et des guitares plus en sourdines mais qui créent des climats amers. « Seven Generals », thème coloré et militaire, et pourtant pas mauvais, peine à transcender les thèmes d'introduction des épisodes du Sanctuaire (qui brillait par son dynamisme Funky) et d'Asgard (qui donnait dans le mystère et l'amertume) et à revêtir d'une identité forte la période Poséïdon.  Evidemment, les thèmes associés à Sorrento (« Dead End Symphony » et « Siren Sorrento »), un des vrais personnages clés de cette saga, n'ont pas ce problème et ont vraiment quelque chose d' « incarnant » par rapport au reste. Cependant, et sans mauvais jeu mots (enfin si...), toute cette période tombe à l'eau. Les combats restent globalement bons mais répétitifs (Shiryu redevient aveugle et est contraint à un choix « tout ou rien », Ikki sauve la mise aux autres, Hyoga retrouve une connaissance, le Boss de fin de niveau est manipulé...), on peut noter un léger regain d'intérêt à partir d'Isaac, mais seul Sirène a l'intelligence de se rendre compte des choses avant d'y passer et d'intervenir en conséquence (ce sera l'unique personnage dans Saint Seiya a survivre ainsi). Kanon reste attachant, charismatique et « badass », mais aura beaucoup plus d'intérêt dans Hadès.
Pour terminer ce tour d'horizon musical qui suit l'histoire de Saint Seiya, attardons nous quelque peu sur la musique du film Les Guerriers d'Abel (le summum du massacre du doublage français ayant été atteint dans ce film, nous en conseillerons le visionnage en V.O.S.T., sauf si vous n'avez pas peur des dialogues « What The Fuck »...), qui à l'instar de son excellente animation, contient là aussi de magnifiques parties et de beaux frissons mélodiques.



Ce film a les défauts propres à ce type d'exercice : combats vite expédiés, trame cousue de fil blanc, personnages inutiles ou sous exploités mais il contient quelques points et moments intéressants, ou rares dans cette œuvre : on se souviendra avant tout d'un Seiya en plein doute, rejeté par Athéna, qui perd l'envie de se battre (alors que Shiryu reste solide et prend un temps le leadership de la bande). Totalement ridiculisé par Atlas, il devient quelque peu absent et il faudra que Saga le défie et le remette sur le droit chemin pour qu'il redevienne le chevalier Pégase que l'on connaît. Par ailleurs, Ikki se fait pour une fois vite rétamer alors que Hyoga connaît un réel moment « Badass » face à Bérénice (le  Cygne sera l'unique Bronze Saint à vaincre un chevalier de Corona tout seul). Ce combat nous permet donc de mettre en lumière le thème « Unbinding Will », où ensemble à cordes pleureuses illustrent les souvenirs mélancoliques de Hyoga avec sa mère, lui donnant la force d'éliminer en un coup terrible son opposant, alors que trompettes de la mort surgissent avant d'exploser en un solo torturé de Hard Rock ultra épique, en enchaînant sur Seiya prêt de nouveau à en découdre face à Saga.

S'ensuivra quelques minutes et décès explosifs plus tard un thème militaire joué au départ uniquement à la batterie (ce rythme ne dénoterait pas dans un morceau Indus retravaillé...), où quelques notes de flûtes insidieuses et cauchemardesques viendront sonner le glas de tous les Bronze Saints face à Atlas. Nous parlons ici de « Run To The Corona Temple » (Le verbe « Run » est assez mal choisi, nos héros arrivant au temple plutôt en rampant comme ils peuvent...) qui renforce la puissance d'Atlas, chacun ayant essayé de l'affronter sans quelconque succès. Une toute puissance que l'on retrouvait déjà au début du film, lors du premier affrontement avec Seiya, avec percussions guerrières dans « Heated Saints ».

Niveau émotion, beauté glacée et chants d'un autre monde, « Athena's Death » narre musicalement le moment où Athéna / Saori semble être partie pour l'au-delà définitivement, et où l'on voit Seiya courir sans but dans les rues et le port longeant son appartement, après sa dispute avec Hyoga et les autres suite à la décision de sa dulcinée de les « révoquer » en tant que Saints- si ses compagnons sont résignés, lui refuse obstinément un tel état de fait... Si cette partie reprend des codes et instrumentations déjà entendues maintes fois dans la série, l'animation et l'abandon présent dans cette scène font merveille.

Globalement, la musique dans ce film est de très bonne qualité et reste d'un niveau comparable avec  les périodes Sanctuaire et Asgard.
Dans les premières lignes de ces impressions, nous parlions d'influences occidentales en ce qui concerne les parties classiques et modernes entendues dans Saint Seiya : le mot « influences » est peut-être un peu fort, mais l'on peut du moins faire quelques rapprochements. Attention, chaque écoute étant subjective, les quelques noms qui vont suivre sembleront sans doute hasardeux, l'auteur de ces lignes étant plus un amateur passionné qu'un professionnel chevronné.
Pour la partie Asgard, les noms de John Barry, Lalo Schiffrin et Ennio Morricone furent évoqués. Quel rapport avec Saint Seiya ? Seiya et les autres n'ont rien d'un James Bond, d'un Jim Phelps ou d'un Homme Sans Nom, c'est entendu. Mais musicalement, on peut tout de même trouver des liens si l'on tend l'oreille.

Sous diverses formes et épithètes exagérés, nous avons parlé des cuivres pachydermiques, éléphantesques et mammouthesques de la série. Ces cuivres peuvent alors nous rappeler ceux du compositeur Britannique John Barry. On peut affirmer sans trop se tromper que les films de James Bond ont eu un succès important également au Japon et que musicalement les bandes-sons de ces films sont devenues quelque chose d'universel, facilement parodiable pour le meilleur et pour le pire. Pour faire le rapprochement avec la série animée, il y a aussi une certaine cinématographie dans les combats et l'animation. Mais Saint Seiya ne contient aucun élément sensuel ou de moments d'espionnage (bien qu'il y ait des machinations). On se tournera donc plus volontiers sur d'autres travaux de John Barry pour la comparaison. Nous citerons donc le thème que Barry a composé pour Game Of Death, dernier projet de Bruce Lee avant son décès en 1973. La dimension de combat y est forcément et fortement présente, et renvoie plus facilement à des titres comme « Glide ! Pegasus », « New Wars Comes Up » ou « Legendary God Warriors » pour ne citer qu'eux. Pour continuer avec l'univers musical de Bruce Lee, le thème de The Way Of The Dragon  (là où le petit Dragon affronte Chuck Norris dans le Colisée...) pourrait lui aussi s'acoquiner avec l'univers musical de Saint Seiya avec ses cris guerriers, son rythme trépidant, son intensité et ses trompettes épiques...
En restant dans cette période 60/70, un autre (grand) écart peut être fait en tissant des liens entre le thème joué à la lyre par Mime et celui de The Persuaders (Amicalement Vôtre, en V.F.) avec une progression similaire, une certaine mélancolie méditerranéenne et surtout une grande classe.
Par ailleurs, et sans faire trop de lien avec le genre du Western Spaghetti (la plupart des combats dans Saint Seiya sont pourtant des duels, insistant sur deux forces opposées ou complémentaires), on retrouve également du Ennio Morricone dans la diversité des instruments, dans l'exotisme côtoyant le classique ou encore Luis Bacalov (on pense à « The Grand Duel : Parte Prima », où la fin du morceau renvoie aux envolées lyriques entendues dans « Athena's Death » ou les thèmes renvoyant à Saori ou Hyoga). Et là encore de manière capillotractée, les cordes dérangées de « Glide !Pegasus » (et c'est peut être plus évident lorsque celle-ci est jouée en Live lors des nombreux concerts hommages à Seiji Yokoyama et Saint Seiya) pourraient être les cousines éloignées de celles utilisées par Bernard Hermann pour le thème de Psycho (Psychose).

Tout cela pour dire, que plus de 30 ans après leur création, Saint Seiya et les musiques de Seiji Yokoyama ont eux aussi leur place dans la grande « Culture Pop ». Autres preuves que ces musiques uniques sont indissociables de cette œuvre (voire indispensable!) sont la colère des fans lorsque sort un jeu vidéo Saint Seiya n'intégrant pas les musiques de Yokoyama et la présence des thèmes musicaux dans l'excellente  et délirante série abrégée  CDZA (StateAlchemist, l'auteur de cette parodie y remercie Yokoyama autant que Masami Kurumada et Shingo Araki- on ne saurait mettre d'autres musiques dans cette épopée). C'est également sans compter les nombreux concerts donnés par des orchestres partout dans le monde reprenant les morceaux phares de la série et qui connaissent toujours un certain succès.




Tous droits : Masami Kurumada / Shingo Araki / Toei Animation et Seiji Yokoyama.

Note de l'auteur : en rédigeant ces quelques impressions, j'eus la tristesse d'apprendre le décès récent de Seiji Yokoyama. Cette modeste analyse en devient donc indirectement un hommage. Merci donc à ce grand homme de la musique qui aura su donner des frissons et des émotions à bien des fans !!!







Machete pour xsilence.net







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