NEIL YOUNG, LE SOLITAIRE DE TOPANGA par ALEXIS
PETRIDIS, édité au CAMION BLANC, 2001 traduit de
l'anglais par NAÏK LE ROUX
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Son style parfois
acerbe, et son honnêteté sans failles en font parfois la cible des fans.
Il est également
le co-auteur de l'autobiographie d'Elton John.
Le livre Neil
Young, Le Solitaire De Topanga se présente en trois parties bien distinctes
qu'on peut lire dans le désordre. Pour commencer, Alexis Petridis nous
raconte la vie de Neil Young. La deuxième partie est une discographie
commentée. Enfin, la dernière partie est consacrée à l'héritage musical.
Quelques photos en
noir et blanc agrémentent le texte, les légendes sont parfois inexactes.
En 70 pages
concises et détaillées, l'auteur nous livre une biographie de Neil Young
de sa naissance en 1945, jusqu'en 2000, date de parution du livre.
Quelques pages sur
l'enfance et l'adolescence apportent ce qu'il faut de renseignements pour
comprendre les débuts musicaux de NY. Alexis Petridis s'intéresse
surtout à la musique, les quelques faits privés relatés ne le sont que si
nécessaire, ou drôles comme la légende des retrouvailles avec Stills
autour du corbillard Pontiac de NY.
Les débuts avec Buffalo
Springfield sont assez instructifs sur les groupes de la même période. La
gloire rapide, les abus et les excès en tous genres, les conflits et bagarres
(aux sens propre et figuré) conséquences des égos de Stills, Furay
et NY. Seul l'enregistrement du premier album se passe bien, dès le
deuxième ils commencent à travailler en studio chacun de leurs côtés. Jusqu'à
la séparation avant la sortie du troisième.
Ces batailles
d'égos reviendront systématiquement, à chaque enregistrement ou tournée, les
rencontres entre Stills et NY finissent mal. Avec un point
d'orgue en 1976, quand NY plante la tournée du Stills-Young
Band organisée suite à la sortie du médiocre Long May You Run, au
bout d'une quinzaine de dates. Stills étant trop capricieux et jaloux,
trop chargé de cocaïne et incapable de jouer correctement.
La carrière solo
est bien décrite et expliquée. Avec notamment cette attitude récurrente de
NY de tout remettre en question à
chaque enregistrement, à chaque album. Il aurait pu continuer sur la voie du
succès après Harvest, mais il a tout mis à terre, en refusant de jouer
ses succès en public.
Cet entêtement lui
fera enregistré On The Beach, Zuma, Tonight's The Night,
les meilleurs albums de cette période. Et lui permettra de ne pas tomber en
disgrâce auprès des punks, et ainsi de conserver une bonne réputation pendant
les années 80 malgré une piètre production musicale.
La période Geffen
est grotesque et/ou minable, peu de morceaux sont à sauver. Les rapports entre NY
et David Geffen qui ne supporte pas son caractère et se comporte en
patron de la pire espèce ne donneront rien.
Le retour chez
Atlantic à la fin années 80 par l'entremise de Reprise est synonyme de retour
progressif de l'inspiration, de ventes de disques en hausse et de tournées à
succès. L'arrivée du grunge lui apporte une aura de précurseur. Cette période
est un quasi sans fautes : Ragged Glory, Weld, Harvest
Moon, Deadman, Mirrorball sont là pour en témoigner. Il
accepte à la fin des années 90 une reformation de CSN&Y, qui
arrangent bien les trois autres qui n'ont plus de maison de disques.
C'est à ce moment
qu'Alexis Petridis entame l'analyse de la discographie.
Tous les titres composés
par Neil Young sont décortiqués, de Buffalo Springfield en 1967 à Looking
Forward de CSNY, avec une mise en page digne des pires tableurs.
Pour chaque album
on trouve la date de sortie, les classements américain et brittanique, les
producteurs et ingénieurs du son, les studios et dates d'enregistrements.
Complétés par quelques lignes sur l'album en général.
Chaque titre est
commenté avec lucidité. Alexis Petridis écrit ce qu'il pense de chaque
titre, bon ou mauvais. C'est une conception de la critique que j'apprécie, en
effet, aussi culte soit-il, un artiste peut sortir des titres moyens, ou pire,
mauvais, et il n'y a aucune raison de se le cacher.
Voici deux
exemples :
"Powderfinger"
d'abord : «Moment où Crazy Horse nous rejoint, malgré ce qui est
mentionné dans les crédits. Une narration épique de Young (les paroles
sont brillament exécutées), un riff principal superbe et le jeu retenu de Crazy
Horse en font un des meilleurs moments de Young.»
Puis "Welfare
Mothers" sur le même album : «Une erreur de jugement caractéristique,
un rock bancal avec des paroles choquantes à propos des prouesses sexuelles des
femmes divorcées touchées par la pauvreté. Même le solo féroce de Young
ne peut rien sauver.»
Ce livre n'a rien
d'hagiographique, c'est ce qui en fait sa valeur.
Il reste une
vingtaine de pages nommées « Héritage », c'est la partie la plus
intéressante du livre. Alexis Petridis insiste avec beaucoup de
pertinence sur plusieurs faits.
Tout d'abord le
côté transgénérationnel de la musique de NY : ses disques plaisent
à des publics de tous âges, et ça j'ai pu le constater quand je l'ai vu sur
scène. Plusieurs générations mais aussi plusieurs tendances musicales :
country, indie, rock, etc.
Son détachement par rapport à sa carrière, à toujours vouloir briser ce qu'il vient de créer, ou à mépriser son catalogue.
Le caractère imprévisible de NY, pour preuve encore ses concerts où la musique passe allègrement de la douceur tire-larmes au bruit et à la fureur, et inversement.
Il a toujours été en contradiction avec ses contemporains, il n'a rien à voir avec les virtuoses des 70's : Neil Young n'est ni un bon chanteur ni un bon guitariste, il a une voix traînante et un jeu singulier, personnel. C'est par contre un compositeur hors-pair. C'est l'unique guitariste à ma connaissance à faire un solo en répétant une quarantaine de fois la même note.
Son détachement par rapport à sa carrière, à toujours vouloir briser ce qu'il vient de créer, ou à mépriser son catalogue.
Le caractère imprévisible de NY, pour preuve encore ses concerts où la musique passe allègrement de la douceur tire-larmes au bruit et à la fureur, et inversement.
Il a toujours été en contradiction avec ses contemporains, il n'a rien à voir avec les virtuoses des 70's : Neil Young n'est ni un bon chanteur ni un bon guitariste, il a une voix traînante et un jeu singulier, personnel. C'est par contre un compositeur hors-pair. C'est l'unique guitariste à ma connaissance à faire un solo en répétant une quarantaine de fois la même note.
Sa façon
d'enregistrer est particulière, il préfère sortir une version garage avec
fausses notes et chant approximatif, sans overdub, en conservant l'émotion
intacte, brute, plutôt que de passer des semaines en studio sur le son d'une
cymbale. Plutôt un album bancal, rude, avec sa voix fêlée et plaintive, mais ô
combien passionnant ! qu'un disque au millimètre mais ennuyeux.
L'auteur discute
bien évidemment de son influence sur la jeune génération de la fin des années
80. Des gens comme Sonic Youth, Will Oldham, Dinosaur Jr, Teenage
Fan Club, Nirvana et bien sûr Pearl Jam ont beaucoup écoutés Zuma,
On The Beach, Everybody Knows, etc. Aujourd'hui on pourrait citer
Israel Nash ou Kurt Vile. Et c'est réciproque, car ce sont ces
groupes qui l'ont remis au travail et au goût du jour au début des années 90.
Par ailleurs son absence complète de glamour, et son allure de pouilleux ont
également influencé pas mal de groupes.
Une chose est
importante, c'est sa constance dans la créativité. D'autres de sa génération,
ou plus jeunes, vivent sur leurs lauriers et ne sortent rien de nouveau depuis
des années, les Stones par exemple. Neil Young sort (toujours) de
nouveaux albums, c'est parfois calamiteux mais il arrive que ce soit vraiment
bon, preuve en est dernièrement avec Peace Trail et Le Noise.
Tout ce qu'écrit Alexis Petridis sur Neil Young est plutôt intéressant. Mais ce qu'il est encore plus c'est sa manière de l'écrire. J'apprécie son style détaché, presque moqueur, mais objectif : c'est argumenté, qu'il aime ou pas.
C'est pour moi un
modèle de critique.
Le livre n'est
plus au catalogue de l'éditeur, j'ai patienté plusieurs années avant de pouvoir
me le procurer à un prix abordable et raisonnable.
La bibliographie
en français au sujet de Neil Young est non seulement pauvre, mais aussi,
peu intéressante.
Chez le même
éditeur on trouve un livre de Jean-Do Bernard, c'est un livre de fan,
peu objectif.
De l'auteur de
polars et historien du jazz Noël Balen, Ma Nuit Avec Neil Young,
ce que la musique de NY apporte dans sa vie, tant mieux pour lui.
Les livres
illustrés et peu écrits de Daniel Ducholz en 2011, et de Stan Cuesta
en 2019.
L'autobiographie
de Neil Young, sans intérêts.
Christophe
Delbrouck dans Crosby,
Stills, Nash & Young paru au Castor Astral évoque bien sûr NY,
comme membre du groupe.
Le très bon et
très court livre d'Olivier Nuc paru en 2002, malheureusement jamais
actualisé.
Le numéro 1 de la
défunte et regrettée revue Muziq, sorti en 2013, de très bonne facture,
avec une discographie détaillée et commentée avec soins.
Un livre de Christophe
Pirenne, musicologue et historien de la musique, sur Harvest est
paru en 2014 chez Densité, très riche et trop court.
Enfin, aussi
étonnant que ça paraisse, la Nouvelle Revue Française éditée par
Gallimard, dans son numéro 613 de juin 2015 a édité un très bon article d'Alexandre
Lenot, auteur de polar (l'excellent Ecorces vives) et ancien d'Arte
Concerts et de la Blogothèque.
Une petite
sélection personnelle :
une petite surprise vers 18'30''.
une des meilleures versions du
morceau
un inédit,
pourquoi ?
une rareté en
électrique
une rareté
acoustique
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