lundi 15 octobre 2018

Blue Giant - Tome 01 (Beckuto)

Chronique écrite en écoutant :

Blue Giant est le deuxième manga de Shinichi Ishizuka démarré en 2013 au Japon et arrivé chez nous en Juin 2018 (après un report de date, du 16 Mai au 06 Juin) aux éditions Glénat dans leur collection Seinen. Cette série s’est terminée dans son pays avec la sortie du 10è tome le 10 Mars 2017… jour qui a également vu sortir la suite directe intitulée Blue Giant Supreme et qui compte 5 tomes à ce jour. Après nous avoir fait partager sa grande passion pour l’alpinisme dans le manga Vertical (18 tomes, paru chez Glénat), Ishizuka nous emmène dans le monde du Jazz.


On va suivre l’évolution de Dai Miyamoto, 17 ans, élève ennuyé en terminale à Sendai, membre assez talentueux du club de basket, qui passe son temps libre à jouer du Saxophone Ténor sur les berges de la rivière Hirose. Son histoire d’amour avec le Jazz a démarré un soir dans un café où Shuhei, son meilleur ami de l’époque du collège, l’a emmené dans l’espoir d’entendre la Musique qu’il écoute sur CD (Miles Davis, Charlie Parker, Bill Evans, Sonny Rollins)… Shuhei n’est en rien impressionné par ce qu’il entend tandis que Dai (je le cite) s’est "pris le Jazz en pleine figure, et en plein cœur". Et depuis ce soir-là, il n’a qu’un seul objectif : devenir le meilleur Jazzman au monde.

 
Ce premier tome est déjà passionnant et le personnage de Dai promet une belle évolution car oui, c’est un autodidacte qui ne connaît rien à la théorie et qui a tout à apprendre s’il veut véritablement réussir son objectif. Très vite on comprend qu’il n’utilise pas vraiment son saxo comme il faut, il use très vite les anches, il joue sous un soleil de plomb, ce qui risque d’abîmer fortement l’instrument s’il continue ainsi et surtout on lui fait remarquer qu’il joue trop fort… et là arrive la première marque de personnalité de Dai, il est tellement passionné qu’il joue chaque note avec toute son énergie – très plaisant pour certains, trop irritant pour d’autres comme ce monsieur présent dans le public lors de son tout premier concert dans un bar jazz du nom de BIRD (évidemment) qui lui gueule dessus, l’obligeant à arrêter de jouer, ce qui amène le guitariste à lui demander de quitter la scène (Dai est accompagné d’un guitariste, un pianiste, un batteur et une chanteuse). Ce moment fort permet d’apercevoir la force de caractère que possède notre héros, après ce cuisant échec, il ne baisse pas du tout les bras, bien au contraire, il prononce une simple phrase une fois qu’il est seul : "Même pas mal !". L’auteur n’a sûrement pas dessiné cette scène par hasard, c’est une sorte de référence à l’histoire de Charlie Parker (dit "Bird" justement) qui s’est vu se faire jeter une cymbale à ses pieds par Jo Jones durant une jam-session ; par la suite Bird s’est entraîné comme un taré afin de ne plus jamais subir cet affront – Dai semble être tout autant déterminé.

En dehors de sa passion, Dai bosse dans une station-service, a un patron plutôt sympa, des amis à qui il tient beaucoup et niveau famille il a un grand frère gros bosseur, une petite sœur toute mignonne et un père confiant qui lui fait comprendre qu’il le soutiendra toujours quel que soit le chemin qu’il empruntera. Sa mère est sûrement décédée, mais on n’en sait pas plus pour le moment.

Concernant les dessins, il y a eu une amélioration que l’on a pu apercevoir tout au long de son précédent manga Vertical, mais pour ceux qui ne connaissent pas du tout le mangaka, mais qui connaisse Naoki Urasawa (Monster, 20th Century Boys, Billy Bat etc.) et bien leurs styles ne sont pas si différent que çà.


Mais on est bien dans un manga qui parle de Musique et comment faire sonner du papier ? Eh bien on prend l’exemple du classique BECK en dessinant des lignes de mouvement sortant de l’instrument, là d’où le son est censé jaillir et on enlève les onomatopées, pas complètement non plus, il y en a juste un petit peu et surtout très discrètes ; les zooms sur les différents instruments sont impeccables, la perspective, les différents angles de vue, tout çà permet de ressentir la puissance émanant des armes sonores que détiennent les musiciens. De plus, Shinichi Ishizuka aime jouer avec la puissance du noir & blanc et de la lumière nocturne, que ce soit à l’intérieur comme à l’extérieur – cela promet des scènes lives de toutes beautés avec l’ambiance si caractéristique des bars jazz.

 
Et on finit avec une surprise, un flashforward avec des interviews de personnages rencontrés durant le tome qui parlent de Dai, de ce qu’ils pensent de lui, comment ils l’ont rencontré, ce qu’ils ont ressenti la première fois qu’ils l’ont entendu jouer – je ne sais pas si on aura çà à chaque fin de tome, mais c’est une idée de génie !


Blue Giant semble bien parti pour me passionner durant ses 10 tomes et plus (si sa suite viendra chez nous), en tout cas ce 1er tome m’a bien chauffé – je vais ressortir mes albums de Jazz et j’espère en découvrir d’autres grâce à la lecture des prochains tomes. Merci Glénat pour cette très belle découverte !


Titre : Blue Giant, tome 01

Mangaka : Shinichi Ishizuka

Éditeur : Glénat

Sortie FR : 06 Juin 2018


PS : Blue Giant a même eu droit à des compilations CD, la 1ère éponyme est sortie le 04 Décembre 2013 et la 2è le 01 Juillet 2015 sous le nom Sounds Of Blue Giant ; voici la vidéo-promo de Blue Giant (avec des planches du 1er tome) :




Beckuto

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