Chronique
écrite en écoutant :
Blue Giant est le deuxième manga de
Shinichi Ishizuka démarré en 2013 au Japon et arrivé chez nous en
Juin 2018 (après un report de date, du 16 Mai au 06 Juin) aux
éditions Glénat dans leur collection Seinen. Cette série s’est
terminée dans son pays avec la sortie du 10è tome le 10 Mars 2017…
jour qui a également vu sortir la suite directe intitulée Blue
Giant Supreme et qui compte 5 tomes à ce jour. Après nous avoir
fait partager sa grande passion pour l’alpinisme dans le manga
Vertical (18 tomes, paru chez Glénat), Ishizuka nous emmène dans le
monde du Jazz.
On va suivre l’évolution
de Dai Miyamoto, 17 ans, élève ennuyé en terminale à Sendai,
membre assez talentueux du club de basket, qui passe son temps libre
à jouer du Saxophone Ténor sur les berges de la rivière Hirose.
Son histoire d’amour avec le Jazz a démarré un soir dans un café
où Shuhei, son meilleur ami de l’époque du collège, l’a emmené
dans l’espoir d’entendre la Musique qu’il écoute sur CD (Miles
Davis, Charlie Parker, Bill Evans, Sonny Rollins)… Shuhei n’est
en rien impressionné par ce qu’il entend tandis que Dai (je le cite) s’est "pris le Jazz en pleine
figure, et en plein cœur". Et depuis ce soir-là, il n’a
qu’un seul objectif : devenir le meilleur Jazzman au monde.
Ce premier tome est déjà
passionnant et le personnage de Dai promet une belle évolution car
oui, c’est un autodidacte qui ne connaît rien à la théorie et
qui a tout à apprendre s’il veut véritablement réussir son
objectif. Très vite on comprend qu’il n’utilise pas vraiment son
saxo comme il faut, il use très vite les anches, il joue sous un
soleil de plomb, ce qui risque d’abîmer fortement l’instrument
s’il continue ainsi et surtout on lui fait remarquer qu’il joue
trop fort… et là arrive la première marque de personnalité de
Dai, il est tellement passionné qu’il joue chaque note avec toute
son énergie – très plaisant pour certains, trop irritant pour
d’autres comme ce monsieur présent dans le public lors de son tout
premier concert dans un bar jazz du nom de BIRD (évidemment) qui lui
gueule dessus, l’obligeant à arrêter de jouer, ce qui amène le
guitariste à lui demander de quitter la scène (Dai est accompagné
d’un guitariste, un pianiste, un batteur et une chanteuse). Ce
moment fort permet d’apercevoir la force de caractère que possède
notre héros, après ce cuisant échec, il ne baisse pas du tout les
bras, bien au contraire, il prononce une simple phrase une fois qu’il
est seul : "Même pas mal !". L’auteur n’a
sûrement pas dessiné cette scène par hasard, c’est une sorte de
référence à l’histoire de Charlie Parker (dit "Bird"
justement) qui s’est vu se faire jeter une cymbale à ses pieds par
Jo Jones durant une jam-session ; par la suite Bird s’est
entraîné comme un taré afin de ne plus jamais subir cet affront –
Dai semble être tout autant déterminé.
En dehors de sa passion,
Dai bosse dans une station-service, a un patron plutôt sympa, des
amis à qui il tient beaucoup et niveau famille il a un grand frère
gros bosseur, une petite sœur toute mignonne et un père confiant
qui lui fait comprendre qu’il le soutiendra toujours quel que soit
le chemin qu’il empruntera. Sa mère est sûrement décédée, mais
on n’en sait pas plus pour le moment.
Concernant les dessins,
il y a eu une amélioration que l’on a pu apercevoir tout au long
de son précédent manga Vertical, mais pour ceux qui ne connaissent
pas du tout le mangaka, mais qui connaisse Naoki Urasawa (Monster,
20th Century Boys, Billy Bat etc.) et bien leurs styles ne sont pas
si différent que çà.
Mais on est bien dans un
manga qui parle de Musique et comment faire sonner du papier ?
Eh bien on prend l’exemple du classique BECK en dessinant des
lignes de mouvement sortant de l’instrument, là d’où le son est
censé jaillir et on enlève les onomatopées, pas complètement non
plus, il y en a juste un petit peu et surtout très discrètes ;
les zooms sur les différents instruments sont impeccables, la
perspective, les différents angles de vue, tout çà permet de
ressentir la puissance émanant des armes sonores que détiennent les
musiciens. De plus, Shinichi Ishizuka aime jouer avec la puissance du
noir & blanc et de la lumière nocturne, que ce soit à
l’intérieur comme à l’extérieur – cela promet des scènes
lives de toutes beautés avec l’ambiance si caractéristique des
bars jazz.
Et on finit avec une
surprise, un flashforward avec des interviews de personnages
rencontrés durant le tome qui parlent de Dai, de ce qu’ils pensent
de lui, comment ils l’ont rencontré, ce qu’ils ont ressenti la
première fois qu’ils l’ont entendu jouer – je ne sais pas si
on aura çà à chaque fin de tome, mais c’est une idée de génie !
Blue Giant semble bien
parti pour me passionner durant ses 10 tomes et plus (si sa suite
viendra chez nous), en tout cas ce 1er tome m’a bien chauffé –
je vais ressortir mes albums de Jazz et j’espère en découvrir
d’autres grâce à la lecture des prochains tomes. Merci Glénat
pour cette très belle découverte !
Titre : Blue Giant, tome 01
Mangaka : Shinichi Ishizuka
Éditeur : Glénat
Sortie FR : 06 Juin 2018
PS : Blue Giant a même eu droit à
des compilations CD, la 1ère éponyme est sortie le 04 Décembre
2013 et la 2è le 01 Juillet 2015 sous le nom Sounds Of Blue Giant ;
voici la vidéo-promo de Blue Giant (avec des planches du 1er tome) :
Beckuto
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