samedi 15 septembre 2018

Saint Seiya - La Musique adoucit les moeurs...mais elle tabasse quand même! (Blackcondorguy)

Saint Seiya, alias les Chevaliers du Zodiaque dans l'hexagone est une véritable pierre angulaire de la culture populaire des enfants des années 80-90. Comme beaucoup d'indie rockers étaient parmi ces enfants, il n'est pas étonnant de retrouver des gens que cette série a marqué parmi les chroniqueurs d'Xsilence. Sans faire de doublon avec Machete, (j'ai déjà une rubrique sur Exitmusik.fr qui est exclusivement dédiée à ça), je voulais quand même apporter ma petite pierre à l'édifice. Puisque lui nous parle plus en détail de la (magnifique) musique de cette série, je voudrais m'attarder sur ce que cette série nous dit de la musique, par le biais de ses personnages.


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Comme toute oeuvre de fiction, Saint Seiya délivre des messages. Ceux que les personnages énoncent explicitement dans la série sur la justice, le sacrifice, l'amitié, la persévérance, le besoin de se renouveler et d'être inventif (le fameux "la même attaque ne marche pas deux fois sur un chevalier", que l'auteur devrait s'appliquer à lui-même), mais aussi ceux qu'ils transmettent par ce qu'ils sont et font. Seiya, qui cherche toujours à se précipiter sur un adversaire, un pilier ou un mur pour le briser en intensifiant son cosmos, nous apprend que la persévérance peut venir à bout d'un (ou plusieurs) traumatisme crânien. Shiryu du Dragon nous apprend que, malgré la mode du tatouage, se tatouer exactement sur son point faible est une connerie. Hyôga du Cygne, toujours tiraillé entre le souvenir de sa mère et le fait de devoir affronter son maitre ou ses amis,  nous dit qu'il faut être prêt à tuer tous ses amis et à oublier ses parents pour réussir. Shun d'Andromède, qui se fait toujours sauver la mise par son grand frère, nous apprend que dans l'adversité, il vaut mieux laisser tomber et confier les tâches ardues à quelqu'un de plus compétent. Ikki du Phénix, enfin, nous enseigne qu'il ne sert à rien d'arriver à l'heure, puisque quelqu'un aura sûrement besoin de vous plus tard.


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Du coup, la présence régulière de personnages musiciens n'est pas anodine. Surtout qu'ils suivent plus ou moins le même archétype. Ces personnages sont au nombre de 3,5 :
- Orphée de la Lyre 
- Mime de Benetnasch
- Sorrento de la Sirène

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Le premier personnage connait deux incarnations différentes, dont une très anecdotique sur laquelle nous allons passer très vite : personnage du premier film animé (Saint Seiya : Jâshin Eris, 1987, rebaptisé en France La Légende De La Pomme D'or), expédié en quelques minutes dans un combat très classique Andromède-Phénix, son seul intérêt est de servir de concept graphique à Mime de Benetnasch, qui fera son apparition presque un an plus tard dans la série.


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Mime de Benetnasch est un des personnages les plus marquants de la saga Asgard, passage inédit du dessin animé dans lequel les chevaliers d'Athéna affrontent des personnages inspirés de la mythologie scandinave dans le Grand Nord (littéralement dans le Grand Nord, on n'aura jamais d'indication géographique plus précise que celle-ci). Une première chose est notable, son histoire s'étale sur 4 épisodes, ce qui est le combat le plus long de cet arc narratif, et se découpe en deux parties : Mime affronte Shun sur 2 épisodes, Ikki lui sauve la mise et l'affronte sur les 2 épisodes suivants. Comme tous les personnages de cette partie de l'animé sauf un, Mime a une histoire tragique et un statut de méchant ambivalent. Pour résumer, il a été adopté et élevé par un bon gros bourrin à l'ancienne qui n'appréciait pas les penchants délicats de son fils. "Tu serais pas un peu pédé, des fois, avec tes cheveux longs et ta musique?! Allez, tiens, une tatane, pour t'apprendre à te comporter comme un homme!" Du coup, Mime et son papa, c'était pas forcément l'entente parfaite. Jusqu'au jour ou Mime découvre que le gros bourrin n'est pas vraiment son père, il a tué ses parents pendant la guerre. Puis, comme ça il culpabilisait de laisser un pauvre bébé orphelin, parce qu'on a beau être un gros bourrin on peut avoir un coeur, il l'a adopté et élevé comme son fils. Notre antagoniste l'a mauvaise, se persuade que le gros bourrin lui a mis des coups de tatane toute sa vie parce que c'était un gros méchant, et le tue.
Évidemment, Ikki lui fait sa thérapie à grands coups de torgnoles et d'illusions du Phénix, et lui permet de se rendre compte qu'au fond, le gros bourrin était un mec sympa et attentionné, il l'a même bordé quand il était malade, et que Mime n'avait pas de raison de le haïr et de le tuer. Enfin, à part le fait qu'il a quand même tué ses parents, mais c'était la guerre, et de la légitime défense. Et puis bon, les coups de tatane ça aide à grandir. Personnage tragique oblige, Mime s'enferme dans son ressentiment jusqu'à ce qu'il soit trop tard, et c'est dans son dernier souffle qu'il avoue que, peut-être, il s'est emporté, et qu'il aurait bien aimé être dans un délire plus peace and love.
La particularité du personnage, et la raison pour laquelle Shun ne réussit pas à le vaincre (hormis la raison méta qui est que les scénaristes de la série n'utilisent Shun que comme un prétexte à mettre en scène Ikki), c'est qu'il ne dégage aucune animosité. En gros, sa musique et son coeur sont tellement purs qu'il ne peut être considéré comme un ennemi, la chaîne d'Andromède ne peut donc pas l'attaquer et Shun qui n'est au fond qu'un hippie pacifiste refuse de mener le combat contre quelqu'un qui est manifestement si bon. Retenez ça.
Je me demande personnellement comment quelqu'un qui a toute une vie de rancoeur accumulée autour du meurtre de sa figure paternelle peut ne dégager "aucune animosité", mais c'est une autre histoire. 


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Sorrento de la Sirène n'a pas deux incarnations, mais son utilisation varie un peu entre le manga et l'animé. Général de Poséidon, son rôle est dans les deux cas d'annoncer un nouvel arc narratif en défonçant un personnage de l'arc précédent pour montrer combien il est fort. Dans le manga, c'est Aldébaran du Taureau qui s'y colle, comme à son habitude. Car pour montrer qu'un nouvel ennemi est fort, les auteurs du manga comme de l'animé lui font systématiquement péter la gueule au chevalier du Taureau, qui est grand et costaud, et donc visiblement très fort lui-même. Le problème, c'est que comme tout ce que le spectateur ou lecteur voit de ce personnage, c'est qu'il se fait tout le temps péter la gueule, ça lui fait perdre tout charisme et tout impact. Dans le dessin animé, Sorrento affronte Siegfried, obligé de se sacrifier pour en venir à bout, ce qui a une autre gueule.
Personnage annonciateur, donc, Sorrento est au départ traité uniquement comme un méchant : il sert Poséidon, Poséidon vient foutre la merde et Sorrento vient buter des gens pour montrer qui est le patron. Bien sûr, une flûte traversière, c'est moins classe qu'un flingue, mais quand elle permet de tuer les gens qui l'écoutent même s'ils se crèvent les tympans, ça fait le boulot.
Par la suite, il affronte Shun alors que le climax de l'arc narratif se déroule en simultané, un bon moyen de faire perdre un évènement en intensité dramatique. Quoi qu'il en soit, il rencontre Shun au pied de son pilier et le combat prend place, même si on se fout un peu maintenant de savoir s'ils vont péter tous les piliers où non. Dans le dessin animé, 2 minutes sont perdues pour expliquer comment Sorrento a survécu au sacrifice de Siegfried en mode ultime dragon, mais à part ça, ils se rentrent dans le lard assez vite. Contrairement aux personnages d'Asgard, on n'apprend rien de particulier sur le passé de Sorrento, pas de conflit intérieur ou de passé difficile qui explique son apparente méchanceté, mais on a le droit à un refrain familier. Alors que Shun est plus ou moins en train de lui botter le cul sévère à base de tempêtes nébulaires (n'oublions pas que dans le manga, le chevalier d'Andromède est badass à sa manière), il implore Sorrento de cesser le combat pour ne pas avoir à le tuer. Son prétexte : "ta musique est tellement pure que tu a forcément un bon fond". Ça me dit quelque chose...
Sorrento refuse de se rendre et se prend donc une grosse tempête nébulaire dans la gueule, mais Shun se retient pour ne pas que ce soit fatal et, chose rare, il est le seul personnage de cet arc narratif a connaitre une rédemption qui ne passe ni par la mort, ni par un coup de trident dans le ventre. Car le chevalier d'Andromède a vu juste : c'est un bon gars, comme le prouve le fait qu'il joue super bien de la flûte traversière. Même si, d'habitude, ça tue des gens. Et pour parachever sa rédemption, l'ex général de la Sirène fait la moral à Kanon des Gémeaux, le grand méchant de cet arc narratif, et accompagnera Julian Solo, libéré de la possession de Poséidon, pour qu'il dépense sa fortune en oeuvre de charités.

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Orphée de la Lyre arrive dans le manga en 1989, à un moment où l'auteur n'en a plus rien à foutre. Enfin, il aime toujours Saint Seiya, mais il ne sait plus quoi faire pour que l'engouement des lecteurs ne reprenne. L'adaptation animée de la série n'a pas été renouvelée, le dessin animé s'étant arrêté en avril de la même année, et Kurumada sent donc que c'est un peu la fin des haricots pour sa série, et ça se ressent dans les faiblesses scénaristiques, les intrigues expédiées, et les blagues de prout que se permet de faire l'auteur. Vous avez bien lu. Ils ont eu la décence de couper ce passage what the fuck et très gênant dans l'adaptation de la saga Hadès qu'ils feront plus de 10 ans plus tard. 
Du coup, le personnage d'Orphée est très peu développé, même si plus que sa contrepartie filmique, et a pour seul background l'histoire très résumée du personnage mythologique. En gros, sa bien-aimée Eurydice meurt, il va en enfer la rechercher, passe un pacte avec Hadès ému par le son de sa lyre; s'il peut ramener Eurydice hors du monde des morts sans se retourner, alors elle reviendra à la vie. S'il se retourne, elle se changera en statue et lui restera à jamais dans le monde souterrain. Évidemment, tragédie oblige, Orphée se retourne à la dernière minute. Le seul ajout de Kurumada, c'est le rôle du personnage de Pharaoh du Sphinx, cliché égyptien et pur méchant orangina rouge qui est responsable de l'échec d'Orphée. En effet, ce dernier jaloux du talent d'Orphée (et aussi sur les instructions d'Hadès qui est aussi un méchant orangina rouge dans Saint Seiya), utilise un miroir pour reproduire la lumière du soleil alors que le couple est encore dans le monde des morts. Évidemment, ce gland d'Orphée aurait pu attendre d'être DEHORS pour se retourner en disant à Eurydice "Regarde, le soleil, on y est presque!", mais ça c'est une autre histoire.
Pharaoh est d'ailleurs le 4e personnage musicien de la saga, puisqu'il joue lui aussi de la lyre, en version égyptienne, et a la particularité d'être UN MÉCHANT musicien, du coup sa musique est plutôt perçue comme étrange que comme magnifique et énvoutante comme celle des autres. À part ça, Orphée est montré comme chevalier assez balèse, qui réglera vite-fait son compte à Pharaoh en apprenant la supercherie, se révoltera contre Hadès en venant en aide aux chevaliers de Bronze (car oui, c'est un chevalier d'Athéna mais qui se fout un peu de tout ça depuis qu'il est enfermé dans le monde des morts) et se fera vite régler son compte par le gros méchant badass de la saga, Rhadamanthe. Un personnage narrativement peu utile et trop peu intéressant pour vraiment marquer les esprits, mais qui a le mérite de sortir un peu du stéréotype du personnage musicien.



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On voit donc que Kurumada (et les auteurs de la série tv) transmettent deux messages principaux sur la musique. Le premier, c'est que la musique a des capacités de transcendance assez unique : la lyre de Mime peut complètement désarmer la chaine nébulaire, la flûte de Sorento touche au plus profond les gens qui l'entendent en atteignant directement leur cerveau sans passer par la case tympan (ce qui physiquement n'est pas impossible, le son étant une vibration on pourrait imaginer que les vibrations puissent atteindre directement le cerveau sans qu'on les perçoive de façon auditive), la lyre d'Orphée émeut Hadès et le chant d'Athéna atteint le coeur même de ce qui l'entende, leur redonnant espoir par sa bienveillance (là, en revanche, c'est physiquement compliqué d'imaginer qu'elle puisse chanter alors qu'elle est en train de se noyer dans un pilier de Poséidon, mais c'est poétique). Le second, c'est que la musique est un reflet de l'âme et qu'une musique belle ne peut qu'être exécutée par quelqu'un de profondément bon, même si comme souvent dans le shônen manga dramatique, les personnages "profondément bons" peuvent être du mauvais côté du récit et accomplir des actes profondément discutables moralement. Mais ils n'aiment pas ça et finissent par se repentir, alors ça va.
Pour le premier message, je pense que tout amateur de musique, a fortiori s'il est capable de rédiger des articles entier sur des sujets musicaux futiles, sera d'accord : la musique nous procure effectivement des émotions uniques et va chercher au plus profond de nous-mêmes. Pour le second message, j'imagine que Masami Kurumada n'a jamais entendu parler de Billy Corgan ou Gary Glitter.
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