Musicien de rock est le pire métier du monde.
J'en avais la conviction, forgée de mes quelques modestes expériences de
concert et d’enregistrement et surtout de mes lectures et visionnages de
documentaires ; ce livre n'a fait que l'étayer par un témoignage précis. Non
pas que son auteur, Mathieu Gazeau aka Matgaz, batteur entre autres de Mars Red
Sky, semble malheureux à l'exercer. Mais le quotidien des tournées qu'il
décrit, à la fois routinier et incertain, ressemble à l'enfer, de mon point de
vue. Matgaz est méthodique et organisé, il a délimité sa démonstration à trois
séquences de tournées vécues en 2013 : une première avec Mars Red Sky, au
Brésil et en Argentine, qui doit se conclure par l'enregistrement d'un album
aux États-Unis ; une deuxième en Espagne, dans les Balkans et aux Pays-Bas en
duo avec le performer garage-rock américain Reverend James Leg ; et une
troisième de nouveau avec Mars Red Sky en Europe du Nord. Les trois séquences
comprenant également pas mal de dates en France en début ou fin de tournée.
Ce qui frappe également, ce sont les mesures
salutaires que notre héros met en place pour dompter la routine et faire face à
l'incertitude. Cela va des trente pompes du matin pour se réveiller et se
maintenir en forme jusqu'au refus de la p'tite bière en arrivant à la salle de
concert pour le check-up (multipliées par le nombre de dates par an, ça
commence à faire beaucoup d’alcool) en passant par la boîte de sardines de
secours dans le sac de voyage au cas où il n’y aurait rien de comestible sur
place.
Et puis il y a la géographie, humaine,
forcément : l’Amérique latine avec ses concerts qui démarrent à pas d’heure,
l’accueil chaleureux et festif et la générosité de leurs hôtes ; les Balkans et
leurs barbecues 100% barbaque ; le Kosovo et les stigmates de la guerre ; les
pays baltes méconnus et surprenants ; la Scandinavie et ses sectes de fans
ultra pointus. Et une galerie de portraits colorés : des tourneurs, des ingés
son, des patrons de bar, des musicos, des fans ; des sympas, des fantasques,
des barjots, des relous. Une vraie cour des miracles. Matgaz distille quelques
conseils pour gérer certains profils.
Ce petit bouquin informe est un document
passionnant sur le monde des soutiers du rock mondialisé, moins WTF que le
documentaire “This is Anvil” - sans doute du fait de ma proximité culturelle
plus forte avec Matgaz qu’avec les métalleux canadiens - mais tout de même très
imagé. En 169 pages, il m’a fait voyager, m’a imprimé des images dans la tête
et a finalement renforcé ma fascination pour les rockers, s’il en était besoin.
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